Afrique du Sud : les conflits sociaux continuent d’agiter le secteur minier

La grève chez les trois premiers producteurs mondiaux de platine en Afrique du Sud est entrée jeudi dans sa deuxième semaine. Les syndicats de mineurs ont rejeté une offre patronale d’augmentation des salaires étalée sur trois ans.

Manifestation de travailleurs des mines de platine dans un stade de Marikana, le 30 janvier 2014. © AFP

Manifestation de travailleurs des mines de platine dans un stade de Marikana, le 30 janvier 2014. © AFP

Publié le 30 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

La proposition du patronat a laissé de marbre les délégués du personnel. "Nous reprendrons le travail quand nos exigences seront satisfaites. Pour l’instant la grève continue", tonne Reuben Lesejane, secrétaire du syndicat dominant Amcu (Association of Mineworkers and Construction Union) sur un puits de Lonmin, le numéro trois mondial du platine. Rassemblés dans un stade à Marikana, le site d’exploitation de Lonmin où 34 travailleurs des mines avaient été tués par la police dans une fusillade en 2012, les mineurs ont accueilli par des huées la présentation de l’offre patronale, faite par leurs délégués syndicaux. Puis la foule a repris en chœur le slogan "Asiyi": "nous n’y retournons pas" (à la mine). "Notre revendication est très claire, on veut un salaire qui permette de vivre, rien d’autre", a martelé Amos Letsi, un autre mineur. "Des gens sont morts pour ça, et personne n’écoute."

Les trois compagnies paralysées par la grève, Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin ont proposé un plan de revalorisation salariale sur trois ans, avec des hausses comprises entre 7,5% et 9% chaque année. Les employeurs ont étoffé leur offre en y ajoutant "un paquet salarial", comprenant les avantages sociaux, et ont souligné que le salaire de base de 12 500 rands (850 euros) exigé par les grévistes était "impossible à court terme". La rémunération de base actuelle pour un mineur sans ancienneté est de 5 000 rands, soit moins de la moitié du salaire demandé.

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Suppressions d’emplois

"Les compagnies ne comprennent pas. Elles veulent seulement faire des profits. Cela ne peut pas marcher comme ça… on est prêt à se battre!" a déclaré un mineur, Zenzo Mathale. La grève se déroule dans un climat pacifique, à l’exception de quelques incidents isolés. Elle mobilise environ 80 000 mineurs, sur les 134 000 salariés du secteur dans le pays, et est particulièrement suivie chez Lonmin, qui a dû fermer ses mines. Les négociations reprendront vendredi à Pretoria entre Amcu et les groupes miniers.

Les pourparlers sont organisés sous l’égide du gouvernement sud-africain, soucieux d’écourter une grève lourde de conséquences pour l’économie nationale. Le mouvement social fait perdre aux trois groupes environ 198 millions de rands par jour (plus de 12 millions d’euros), selon un communiqué. Elle accentue encore la tendance à la dépréciation de la monnaie nationale, le rand, entraîné depuis plusieurs semaines dans la baisse des devises des pays émergents.

"Il est important de noter", indiquaient les patrons des mines au début de la grève, "que l’industrie du platine a déjà octroyé des augmentations de salaire nettement au dessus du taux d’inflation ces dernières années, et qu’elle offre actuellement un des meilleurs salaires de base dans le pays". Plus de 11 000 emplois ont déjà été supprimés dans le secteur depuis décembre 2011, du fait l’augmentation des coûts d’exploitation et la baisse des cours mondiaux du platine, conjugués à des grèves à répétition.

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Interdiction de faire la grève dans les mines d’or

Cependant, les débrayages ne devraient pas faire tache d’huile dans les mines d’or : une décision de justice jeudi a interdit à Amcu de lancer une grève dans ce secteur. Tout arrêt de travail y sera considéré comme une grève sauvage, a noté la Chambre des mines. Ce qui signifie en droit sud-africain que les grévistes pourront être licenciés. Amcu n’est pas le syndicat majoritaire dans le secteur aurifère, et la justice a estimé qu’il devait se plier à l’accord de branche conclu en septembre. Celui-ci accordait 7,5% à 8% de hausse et une revalorisation alignée sur l’inflation au 1er juillet 2014.

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L’activité minière est la principale source de devises de l’Afrique du Sud. Le secteur contribue à près de 10% du PIB, presque au double si l’on inclut les activités annexes. Les mineurs sont parmi les mieux payés des travailleurs non qualifiés sud-africains, mais vivent souvent dans des conditions très précaires à proximité des puits de mine.

(Avec AFP)

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