Un juge a reçu l’ex-responsable libyen qui dit avoir été torturé par des Français
Un ancien responsable libyen du régime de Kadhafi a été reçu mercredi par un juge parisien. Il dit avoir été torturé par des Français en 2011 à Tripoli.
Mis à jour le 20/01/2015 à 11h14.
La justice française va se pencher sur les accusations de Tahar Dehech, ancien responsable des comités révolutionnaires de Mouammar Kadhafi. Il "a été entendu (mercredi) matin par Roger Le Loire pour confirmer les termes de sa plainte", a dit à la presse son avocat Me Eric Moutet.
Tahar Dehech a déclaré vouloir que la "lumière soit faite sur ce qu’il (lui) est arrivé et sur les actes de torture auxquels (il a) été soumis" à l’automne 2011.
Arrêté après la chute de Kadhafi, il aurait été interrogé sur la destination d’armes et d’argent disparus, ainsi que le devenir de Kadhafistes en fuite. Pendant sa détention il aurait été l’objet de tortures "abjectes", "atroces", qui auraient été commises "par des Français et des Qataris" dans un hôtel de Tripoli reconverti en centre de détention.
Aujourd’hui installé en Tunisie, Tahar Dehech dit avoir décrit "avec précision" au juge les quatre Français, trois hommes et une femme, qui lui auraient infligé ces sévices.
Accusations contre Nicolas Sarkozy
Cet ancien journaliste à l’hebdomadaire du régime la Marche Verte a répété avoir assisté à des réunions à l’hôtel Corinthia où il était question de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy à hauteur de 57 millions d’euros, sans toutefois apporter de preuve, arguant que la vie de Seif el-islam, retenu à Zintan, est en danger. "Il risque d’être exécuté si je révèle les preuves, mais il sera libéré prochainement », a déclaré M.Dahec pour qui le "drapeau vert flotte partout en Libye". Tahar Dehech avait déjà formulé ces accusations dans le livre de la journaliste Catherine Graciet "Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison".
>> Lire aussi : quand Kadhafi affirmait avoir financé la campagne présidentielle de Sarkozy
Nicolas Sarkozy et son entourage réfutent avec force ces assertions, évoquées par plusieurs anciens dignitaires libyens, démenties par d’autres.
Une enquête sur ces allégations est actuellement menée à Paris. Dans ce dossier, le juge Serge Tournaire a entendu début janvier une autre ancienne membre de l’entourage de Mouammar Kadhafi, Zohra Mansour, selon une source proche du dossier.
Également citée dans l’ouvrage de Catherine Graciet, celle-ci a rapporté des conversations qu’elle aurait eues avec l’ancien dictateur évoquant ce financement supposé.
Mouammar Kadhafi avait porté l’accusation dans un entretien accordé en mars 2011 à la journaliste Delphine Minoui, dont un enregistrement est diffusé mercredi soir par France 3 dans son magazine "Pièces à conviction".
(Avec AFP)
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