L’ONU approuve l’engagement d’une force militaire européenne en Centrafrique

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné mardi son feu vert à l’engagement d’une force européenne en Centrafrique afin d’épauler les troupes françaises et africaines qui tentent d’y rétablir l’ordre et la sécurité.

Des soldats français et rwandais devant le camp militaire de Kasai © AFP

Des soldats français et rwandais devant le camp militaire de Kasai © AFP

Publié le 29 janvier 2014 Lecture : 4 minutes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné mardi 28 janvier son accord pour l’engagement d’une force européenne en Centrafrique. Cet appui militaire permettra d’épauler les troupes françaises et africaines déployées sur zone. Quelques 500 soldats européens, sous mandat de l’ONU, prêteront main forte aux plus de 5 000 militaires africains de la Misca (force de l’Union africaine) et aux 1 600 soldats français de l’opération Sangaris.

Cette force nommée EUFOR RCA sera commandée par un Français, le général de division Philippe Pontiès, 55 ans.

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À terme, l’ONU considère qu’il faudrait déployer plus de 10 000 casques bleus pour sécuriser la RCA "car la situation est très, très grave et le pays immense", a rappelé Gérard Araud, l’ambassadeur français aux Nations unies.

Dans une résolution adoptée à l’unanimité, le conseil de sécurité a menacé de sanctions ciblées tous ceux "qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en RCA (République centrafricaine) et qui font obstacle au processus politique de transition [et] violent les droits de l’homme". Les personnes à sanctionner seront désignées ultérieurement par un comité dépendant du conseil. D’après Gérard Araud, Paris a "des noms à présenter".

Un seul camp pour les ex-rebelles

Dans le même temps, le pouvoir exécutif centrafricain, désormais au complet suite à la formation d’un nouveau gouvernement, a engagé la bataille de la pacification d’un pays dévasté par les violences. La présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, a également assuré sur une radio française qu’elle allait demander une opération de maintien de la paix de l’ONU, car "les exactions continuent aussi bien à Bangui qu’à l’intérieur du pays", ce qui signifie qu’"il n’y a pas suffisamment" de soldats.

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Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a pour sa part appelé les pays africains à se mobiliser pour "apporter une contribution financière et en nature à la Misca" lors de la conférence des donateurs qui se tiendra le 1er février prochain à Addis Abeba.

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Sur le terrain, les troupes françaises et africaines continuent leur travail de sécurisation, procédant notamment l’évacuation de deux camps d’ex-rebelles de la Séléka à Bangui. Les combattants ont été regroupés dans un seul et même camp, le camp "RDOT", situé à la sortie nord de la ville. Les deux précédentes bases étaient situées à des endroits stratégiques : le camp De Roux aux abords immédiats du palais présidentiel et le camp Kasaï non loin de la résidence de Catherine Samba Panza, élue après la démission contrainte le 10 janvier de Michel Djotodia, ancien chef de la Séléka. "Aujourd’hui, le seul site de cantonnement des ex-Séléka, c’est le RDOT", a expliqué à Bangui le lieutenant-colonel français Thierry Mollard. "Il y a plein de raisons de n’avoir qu’un seul site, pour organiser la sécurité, le ravitaillement". Cela permettra également aux soldats d’"enregistrer [les ex-Séléka] pour amorcer le processus de DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion)".

Les Séléka attaqués par des anti-Balaka

Du seul camp Kasaï, environ 400 combattants ont été transférés, ce mardi, munis d’armes légères, sous les cris de joie et les insultes des riverains chrétiens. Depuis dimanche, d’autres combattants – dont des généraux – ont quitté Bangui en direction du nord du pays. Environ 200 d’entre eux seraient arrivés au Tchad par la route.

Au camp RDOT, ils étaient "un peu moins d’un millier" mardi soir, selon le porte-parole de l’état-major français, le colonel Gilles Jaron. "Ce que l’on pressent, c’est que les ex-Séléka ont vu qu’il y avait un effritement de leur structure de commandement, a-t-il poursuivi. Mais ce que l’on ne veut pas, c’est qu’ils se répandent en ville et qu’ils puissent menacer la population, quelle qu’elle soit, chrétienne ou musulmane. On contrôle l’affaire".

De fait, l’évacuation des deux camps par les Séléka fragilise encore plus le rapport de force dans Bangui entre chrétiens, déjà majoritaires, et musulmans, harcelés par les milices anti-balaka. Ce cantonnement ne va pas sans problèmes. Ainsi, selon le lieutenant-colonel Mollard, des hommes de Sangaris ont été "pris à partie" mardi matin par des individus armés non identifiés et "ont dû riposter" aux abords du camp. Des habitants expliquent que des Séléka, sortis se ravitailler, ont d’abord été attaqués par des anti-balaka, avant l’intervention des Français.

Avec le soutien mais aussi sous la pression de la communauté internationale, une nouvelle équipe dirigeante s’est très rapidement mise en place après la démission de Michel Djotodia. Le nouveau gouvernement a été formé lundi, une semaine après l’élection de Catherine Samba Panza. La présidente et le Premier ministre ont fait du retour à la paix leur première priorité. Le Conseil de sécurité de l’ONU a également rappelé que des élections présidentielle et législatives devront être organisées "au plus tard en février 2015 et de préférence au second semestre 2014", comme le souhaite Paris.

(Avec AFP)

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