Tunisie : la nouvelle Constitution est signée, espoir de sortie de crise
La nouvelle Constitution a été paraphée lundi. Un espoir de sortie de crise se dessine dans le pays, berceau du Printemps arabe, marqué par trois années de crise politique et économique.
Trois ans après la révolte populaire qui a chassé le président Ben Ali du pouvoir, la Tunisie a enfin adoptée sa nouvelle Constitution. Le président Moncef Marzouki, le Premier ministre sortant, Ali Larayedh, et le président de l’Assemblée nationale Constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, ont signé la Loi fondamentale sous les applaudissements des députés qui l’avaient adoptée dans la nuit de dimanche à lundi après plus de deux ans de travaux tendus.
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Le texte entrera en vigueur, après sa publication au Journal officiel, par étapes, notamment après l’élection d’un Parlement et d’un président de la République.
La nouvelle Constitution est saluée en Tunisie comme à l’étranger pour son audace. Elle consacre un exécutif bicéphale et réduit la place de l’islam dans un pays à forte tradition séculière. Elle introduit aussi pour la première fois dans le monde arabe un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues.
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En prenant soin de rappeler que l’adoption du texte ne représentait qu’une étape dans cette période de transition démocratique du pays, Moncef Marzouki a salué une "victoire contre la dictature". "Le chemin est encore long, a-t-il noté. Il reste un grand travail à faire pour que les valeurs de notre Constitution fassent partie de notre culture".
"Nous avons été à quelques pas du précipice", a rappelé de son côté Mustapha Ben Jaafar.
Sortir de la crise
À l’étranger on salue volontiers ce vote qui a pu se tenir et aboutir malgré une transition très chaotique marquée entre autres par les assassinats en juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste, précédé en février par celui de l’opposant Chokri Belaïd.
Le président du Sénat français, Jean-Pierre Bel, a salué à la tribune de l’ANC "un engagement pour la démocratie" et rendu "hommage à la détermination de l’ensemble d’un peuple".
"Sur ce chemin, difficile, vous n’êtes pas seuls, et pouvez compter sur vos partenaires et amis. La France est pleinement engagée à soutenir la Tunisie nouvelle dans les défis politiques, économiques et sociaux qu’elle devra relever dans la dernière phase de sa transition", a-t-il ajouté.
Le département d’État américain a fait part des "encouragements" des États-Unis, "amis de longue date de la Tunisie", tout en exhortant "à d’autres mesures dans cette transition démocratique, en particulier l’investiture d’un nouveau gouvernement indépendant et la fixation d’une date pour des élections anticipées".
Objectif élections
L’Assemblée a annoncé pour mardi le vote de confiance du gouvernement de Mehdi Jomaâ, qui aura pour principale mission d’organiser des élections dans l’année, dans un climat marqué par une profonde méfiance entre les islamistes et leurs détracteurs.
Politiques et diplomates ont d’ailleurs déjà le regard tourné vers ces échéances.
"Dans six semaines, il y aura une loi électorale. La visibilité est claire jusqu’aux élections qui auront lieu probablement en octobre 2014", a déclaré Ameur Larayedh, haut responsable d’Ennahdha.
Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a appelé "le nouveau gouvernement à déployer tous les moyens de l’État en vue de l’organisation, dans les meilleurs délais, d’élections transparentes et crédibles".
Les dates des scrutins doivent être fixées par l’instance électorale (Isie), qui n’a été formée que début janvier. Le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, a déclaré que "les élections auront lieu avant 2015" conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution.
Il a par ailleurs dit espérer une vie politique pacifiée maintenant que la Constitution avait été adoptée dans l’euphorie à l’ANC: "C’est un grand soulagement (…) j’espère que l’ambiance d’hier va se poursuivre afin de mener le pays sur le bon chemin".
Le gouvernement Jomaâ sera aussi confronté à une situation économique qui reste très difficile, des vagues de violences nourries par la misère éclatant régulièrement.
(Avec AFP)
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