Syrie : dialogue de sourd et tensions à Genève 2

Les représentants du régime syrien et de l’opposition en exil se sont réunis mercredi à l’ouverture de la conférence de paix de Genève II à Montreux.

Ban Ki-moon (d) et l’émissaire spécial pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, le 22 janvier 2014. © AFP

Ban Ki-moon (d) et l’émissaire spécial pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, le 22 janvier 2014. © AFP

Publié le 23 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

La première journée de la conférence de paix de Genève II s’est déroulée dans un climat houleux, mercredi 22 janvier à Montreux. Réunis dans la petite ville suisse, la quarantaine de représentants de pays et d’organisations n’ont pas attendu longtemps avant de constater que le fossé restait gigantesque entre le régime de Bachar al-Assad et l’opposition syrienne en exil. Les délégations syriennes n’ont pas montré de signe de volonté de compromis de nature à être optimiste avant les négociations de vendredi.

Lors de cette conférence, prélude aux négociations directes entre les seules délégations syriennes vendredi à Genève, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a rappelé à tout l’enjeu de la rencontre, synonyme "d’espoir" après trois ans d’affrontements meurtriers (au moins 130 000 morts selon l’ONU).

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La Russie et les États-Unis, qui ont œuvré en coulisses pour la tenue de cette conférence, ont également appelé les Syriens à saisir une opportunité "historique", le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov prévenant que les négociations ne seraient "ni simples, ni rapides".

Quel sort pour Bachar al-Assad ?

Le sort de Bachar al-Assad, au centre de tous les débats depuis le début du mouvement de contestation en mars 2011, a plané sur la conférence. Les Occidentaux parlent de formation d’un gouvernement de transition sans le leader syrien, une condition que réfutent les Russes et les Syriens pro-Assad.

Il est impossible, inimaginable, que cet homme [Bachar al-Assad] qui a exercé une telle violence contre son propre peuple puisse conserver la légitimité pour gouverner.

John Kerry, secrétaire d’État américain

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"Bachar al-Assad ne prendra pas part au gouvernement de transition. Il est impossible, inimaginable, que cet homme qui a exercé une telle violence contre son propre peuple puisse conserver la légitimité pour gouverner", a déclaré John Kerry, le secrétaire d’État américain. Piqué au vif, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem lui a répondu vertement : "Monsieur Kerry, personne au monde n’a le droit de conférer ou de retirer la légitimité à un président (…) sauf les Syriens eux-mêmes".

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Kerry a également indiqué étudier "différents moyens de pression" sur le régime de Damas, notamment en amplifiant l’aide à l’opposition syrienne. Se joignant à son appel, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a martelé que la conférence n’avait pas pour but de parler de "terrorisme", comme le souhaite Damas, mais d’un "gouvernement de transition".

Le discours de Walid Mouallem a aussi été l’occasion d’une vive passe d’armes avec le secrétaire général de l’ONU. Le responsable syrien, à l’instar du chef de l’opposition, avait dix minutes de temps de parole. Mais après 20 minutes de discours, Ban Ki-moon s’est décidé à l’interrompre. "Vous vivez à New York et moi je vis en Syrie, j’ai le droit de donner la version syrienne ici devant ce forum", a lancé Walid Mouallem au patron des Nations unies.

Paris a en revanche loué la position "responsable et démocratique du chef de la délégation de l’opposition, Ahmad Jarba, qui a appelé le président Bachar al-Assad à remettre son pouvoir à un gouvernement de transition conformément à la déclaration de Genève I. "C’est la première fois qu’on les réunit. Il faut encourager les parties à parler dès que possible", a estimé Ban Ki-moon, en clôture de la réunion.

(Avec AFP)

 

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