Centrafrique : Bangui replonge dans la violence avant l’investiture de Catherine Samba-Panza

Des incidents meurtriers ont eu lieu mardi et mercredi à Bangui. Un bilan provisoire fait état d’au moins 7 morts. La nouvelle présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, doit prêter serment ce jeudi.

Des civils musulmans sont protégés le 26 décembre 2013 à Bangui par des soldats français. © AFP/Miguel Medina

Des civils musulmans sont protégés le 26 décembre 2013 à Bangui par des soldats français. © AFP/Miguel Medina

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Publié le 22 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 23/01 à 8h40

La nouvelle présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, qui a fait de la lutte contre les groupes armés sa priorité, sait à quoi s’en tenir. Une série d’incidents et d’échanges de tirs ont fait au moins 6 morts entre mardi 21 et mercredi 22 janvier à Bangui.

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Tout a commencé dans la périphérie de la capitale centrafricaine près du PK11 (point kilométrique 11) où se trouve un des sites de cantonnement des ex-Séléka. Vers 20h, des anciens rebelles qui s’étaient éloignés de leur camp ont "délibérément" visé une patrouille française d’un tir de RPG, selon une source sécuritaire. Les soldats de la force Sangaris ont alors riposté, forçant les ex-Séléka à regagner leur base.

Au même moment dans le 7e arrondissement de la capitale, des jeunes du quartier de Ngaragba se sont révoltés contre le harcèlement d’éléments de l’ex-Séléka cantonnés au camp Kassaï, située à proximité de la prison centrale, à quelques centaines de mètres du domicile de Catherine Samba-Panza.

Ces anciens rebelles, apparentés à la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP, un des groupes qui formait le socle de la Séléka), profiteraient du couvre-feu pour persécuter les populations, quand ils ne tentent pas de dérober les armes des trois éléments de la gendarmerie qui gardent la prison. Les heurts avec les jeunes auraient alors fait au moins deux morts.

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Mercredi matin vers 7 heures, une manifestation est organisée juste devant la prison centrale. À première vue spontanée, elle est en réalité orchestrée par les anti-balaka basés dans le quartier. Très violents et excités, les manifestants dérapent et forcent l’entrée de la prison où se trouvent des détenus musulmans et chrétiens. Au moins 7 personnes sont tuées. Les prisonniers de la communauté musulmane se réfugient au camp Kassaï, les chrétiens à l’église St-Paul.

L’intervention de l’armée française et d’éléments camerounais et congolais de la force africaine (Misca) a permis un retour à un calme précaire vers 13 heures. Des tirs ont tout de même encore été entendus dans l’après-midi.

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Rapport de force

Ces incidents, qui interviennent à la veille de la prestation de serment de Catherine Samba-Panza, sont révélateurs du nouveau rapport de force qui prévaut entre anti-balaka et ex-Séléka depuis le départ de Michel Djotodia.

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Si, inquiets de la tournure des évènements, les anciens rebelles "ont parfois la gâchette facile, ils respectent plutôt bien les mesures de confiance" instaurées par l’armée française, assure une source sécuritaire. De l’autre côté, une partie des anti-balaka ne fait rien pour que le calme revienne, poursuit notre source. Ils sont en confiance, se comportent comme pouvaient le faire les Séléka, rackettent les populations et menacent les Faca (membres de l’armée centrafricaine) qui ne veulent pas rejoindre leur rang."

Selon nos informations, sur la dizaine de sites où sont regroupés les anti-balaka, à Bangui et ses environs, trois posent problème et menacent chaque jour de replonger la capitale centrafricaine dans le chaos.

Enfin, au Pk 13, dans le nord de Bangui, des actes de pillage de commerces et de maisons ont été commis. Une trentaine de musulmans menacés par des anti-balaka n’ont dû leur salut qu’à l’intervention de soldats français et du contingent rwandais de la Misca.

Commission d’enquête

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a de son côté nommé mercredi les membres d’une commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’homme commises dans le pays.

Conformément à une résolution adoptée le 5 décembre 2013 par le Conseil de sécurité des Nations unies, cette commission sera chargée pendant une période initiale d’un an d’enquêter sur les exactions commises depuis le 1er janvier 2013 en RCA et d’en traquer les responsables.

La commission sera composée d’un secrétariat et de trois experts dans le domaine des droits de l’homme : Jorge Castaneda (Mexique), Fatimata M’Baye (Mauritanie) et Bernard Acho Muna (Cameroun). Ce dernier présidera la commission.

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Par Vincent Duhem

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