La Centrafrique élit son nouveau président de transition sur fond de violences
Le Parlement centrafricain élit ce lundi le nouveau président de transition du pays. Huit candidatures ont été retenues, dont celles de la maire de Bangui et des fils des présidents Ange-Félix Patassé (au pouvoir de 1993 à 2003) et André Kolingba (1981-1993).
Mis à jour à 11h30
C’est à 10h00 (9h00 GMT) qu’a débuté, lundi 20 janvier, l’élection du nouveau président centrafricain de la transition par le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire). La présidente en exercice du CNT, Léa Kouyassoum Doumta, a ouvert les travaux par un rappel des circonstances ayant amené à la démission de l’ex-président et ancien chef rebelle Michel Djotodia, le 10 janvier.
À lire aussi : Les exactions se multiplient en province à l’approche de l’élection
Pour le nouveau président, "ce ne sera pas une partie de plaisir", a constaté Mme Kouyassoum Doumta, en invitant les parlementaires à "avoir une pensée" pour les populations de province "abandonnées à elles-mêmes" et pour les centaines de milliers de déplacés des violences.
Sur les 24 candidatures déposées, seules huit ont été validées par le CNT. Les parlementaires avaient fixé des critères draconiens d’éligibilité, excluant beaucoup de monde : les responsables politiques sous Djotodia, les chefs de partis, les militaires en activité et tous ceux ayant appartenu à une milice ou à une rébellion ces 20 dernières années.
Parmi les candidats figurent la maire de Bangui, Catherine Samba Panza, ainsi que Sylvain Patassé et Désiré Kolingba, respectivement fils des présidents Ange-Felix Patassé (au pouvoir de 1993 à 2003), et André Kolingba (1981-1993). Autre personnalité en vue : Emile Gros Raymond Nakombo, banquier proche de l’ex-président Kolingba, déjà candidat à la présidentielle de 2011.
Ce lundi, chaque candidat aura 10 minutes pour présenter sa "profession de foi" aux parlementaires avant leur vote à bulletin secret. La Constitution provisoire prévoit un seul tour de scrutin, le candidat arrivé en tête étant élu.
Le nouvel élu prêtera serment devant la Cour constitutionnelle provisoire, avant la formation d’un nouveau gouvernement. La présidente en exercice du CNT, Léa Kouyassoum Doumta, a indiqué "qu’aucun membre du CNT ne fera partie" de ce gouvernement.
Macabres découvertes
Cette élection intervient alors que la situation sécuritaire reste très volatile. À Bangui, patrouillée par les soldats français et africains, la population – qui vit pour moitié entassée dans des camps de déplacés – attend avec angoisse de voir quelles réactions provoquera l’élection chez les hommes en armes toujours présents dans la ville.
Dimanche, plusieurs responsables des anti-balaka, dont un de leurs coordinateurs politiques Edouard Ngaïssona, qui menaçaient d’organiser des actes de destabilisation ont été mis aux arrêts par la Misca. Ils ont été libérés lundi matin après avoir passé la nuit au camp M’poko. "Il s’agissait d’une mesure préventive. Ils ont compris le message", a expliqué une source sécuritaire.
Dans le reste du pays, les violences se sont multipliées depuis la démission de Michel Djotodia. La Croix rouge internationale (CICR) et la Croix rouge centrafricaine (CRCA) ont annoncé dimanche la découverte d’au moins 50 corps depuis vendredi dans le nord-ouest du pays.
"Ces dernières 48 heures, les équipes du CICR et de la CRCA ont inhumé une cinquantaine de corps" dans la région, où les violences intercommunautaires se sont multipliées depuis vendredi dans des localités situées sur l’axe entre Bangui et la frontière camerounaise.
Vendredi, une attaque près de Bouar, sur ce même axe routier, a tué au moins 23 civils musulmans, dont trois enfants, qui tentaient de fuir les violences, avait indiqué l’ONG Save de Children.
Samedi, des violences ont également été signalées dans d’autres localités du nord et de l’ouest. À Boali, à 90 km au Nord-Ouest de Bangui, des centaines de musulmans étaient réfugiés dans la paroisse Saint-Pierre après des affrontements entre Séléka et anti-balaka ayant fait sept morts depuis vendredi, selon un bilan de l’abbé Xavier Fagba et de la CRCA.
(Avec AFP)
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