Rwanda : l’opposant Faustin Twagiramungu se rapproche des FDLR
L’ancien Premier ministre rwandais désormais opposant en exil, Faustin Twagiramungu, a décidé depuis mardi de rallier les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), groupe armé considéré comme génocidaire par Kigali.
Mis à jour le 17/01/2014 à 13 heures 58.
En exil depuis plus de 10 ans, Faustin Twagiramungu a conclu un accord de partenariat avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé actif dans l’est de la RDC accusé de propager une idéologie génocidaire. Le document a été signé, le 14 janvier, entre le dirigeant de la Rwandan dream initiative (RDI) et le "général major" Victor Byringiro, président par intérim des FDRL, qui est également à la tête du Front commun de libération du Rwanda (FCLR). Ce dernier est "une alliance constituée entre les FDLR et la branche du Parti social-Imberakuri, restée fidèle à son chef Bernard Ntaganda aujourd’hui emprisonné au Rwanda [il a été condamné en 2010 pour "divisionnisme", NDRL]", précise Iranzi John Mugisha, porte-parole du FCLR.
Vis-à-vis de Kigali, le message est donc sans appel. Ancien Premier ministre rwandais (1994-1995), Faustin Twagiramungu estime que "les temps ont changé" et que "le gouvernement rwandais ne doit plus indéfiniment continuer d’empêcher aux réfugiés rwandais se trouvant dans l’est de la RDC de rentrer chez eux, sous prétexte qu’ils seraient génocidaires". Il réclame d’ailleurs "la mise en place d’enquêtes pour établir le nombre exact des génocidaires qui se trouveraient encore dans la forêt congolaise". Car soutient-il, "tous les FDRL ne sont pas génocidaires : on y trouve beaucoup de jeunes dont l’âge varie entre 20 et 30 ans alors que le génocide a eu lieu en 1994".
"La solution à la question FDLR doit être politique"
Pour Faustin Twagiramungu, "la solution à la question FDRL doit être politique et non militaire". Il appelle la communauté internationale à encourager l’ouverture d’un dialogue entre le gouvernement rwandais et l’opposition en exil, y compris avec les FDLR. "Pourquoi contraindre Kinshasa à négocier avec le Mouvement du 23-Mars (M23) et ne pas exiger la même chose de Kigali à l’égard des FDLR", interroge-t-il.
Le président de RDI ne remet pourtant pas totalement en cause la traque annoncée des FDLR par l’armée congolaise, appuyée par la brigade d’intervention des Nations unies. Les FDLR sont par ailleurs considérées par Washington comme une "organisation terroriste". "Les FDLR doivent connaître une fin similaire à celle du M23", a déclaré, le 17 janvier, Russ Feingold,l’envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs, lors d’une conférence de presse téléphonique. "Il est primordial que la Monusco, conformément à sa mission, redouble d’efforts pour honorer son engagement de mener des opérations de soutien au [combat] contre les FDLR", a-t-il ajouté. "C’est dans un contexte de politique internationale et régionale. S’il est établi que les FDLR constituent une menace à la sécurité en RDC, il est normal de les neutraliser", reconnaît Faustin Twagiramungu. Avant de nuancer : "Mais à ce que je sache, les FDLR ne sont pas en mesure de nuire à la paix dans l’est de la RDC."
Candidat à la présidentielle de 2003, celui qui était considéré comme "hutu modéré" avant le génocide de 1994 n’avait pas pu rentrer au Rwanda en 2013 comme il l’avait annoncé. "Le 5 mai 2013, j’ai demandé le renouvellement de mon passeport rwandais pour pouvoir rentrer, mais ils me l’ont refusé. Il en est de même de ma demande de visa au mois de mai", dénonce-t-il encore aujourd’hui. Ce refus aurait-il une incidence sur sa décision de se rallier aux FDLR ? Faustin Twangiramungu esquive la question. Il se contente de lâcher qu’il ne se reproche rien : "soutenir les FDLR n’est pas un crime". Kigali ne l’entendra pas de cette oreille.
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Par Trésor Kibangula
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