Centrafrique : quel scénario pour la démission de Djotodia ?
La démission du président de la transition centrafricaine Michel Djotodia semble scellée, reste à en définir les contours. Dans la nuit de jeudi à vendredi, à N’Djamena, les dirigeants de la CEEAC ont demandé aux parlementaires centrafricains de préparer un accord écartant du pouvoir l’ex-leader de la Séléka.
La démission forcée du président de la transition centrafricaine Michel Djotodia ne semble plus qu’une question d’heures. Réunis à N’Djamena, au Tchad, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 janvier, les dirigeants d’Afrique centrale ont ordonné aux parlementaires centrafricains, emmenés plus tôt par avion de Bangui, de préparer un accord qui s’oriente vers une mise à l’écart du président Djotodia pour faciliter une sortie de crise en Centrafrique.
À l’issue de tractations marathon avec les membres du Conseil national de transition centrafricain (CNT, parlement provisoire), les chefs d’État ou leurs représentants ont suspendu leurs travaux peu avant 04h00 (03h00 GMT). Selon des sources proches des négociations, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) ont demandé au CNT de préparer avant 08h00 un accord qui semble s’orienter vers une mise à l’écart de Michel Djotodia et de son Premier ministre, Nicolas Tiangaye.
L’indispensable vote du CNT
Une nouvelle séance de travail du sommet, ouvert jeudi à la mi-journée, est convoquée vendredi à partir de 09h00 pour sceller le sort du président centrafricain, à qui la communauté internationale reproche de ne pas avoir mis fin aux violences interreligieuses et aux exactions dans son pays. Le vote du Conseil national de transition est indispensable à un changement de la Constitution provisoire de Centrafrique et pour décider du départ de Michel Djotodia et du Premier ministre.
Les dirigeants de la CEEAC, réunis à l’initiative du président tchadien Idriss Déby Itno – puissant voisin tutélaire de la Centrafrique – ont envoyé jeudi en fin de journée un avion à Bangui pour amener dans la capitale tchadienne les 135 membres du CNT. "Personne ne peut parler d’un changement à la place des Centrafricains. La solution ne peut venir que des Centrafricains eux-mêmes (…) Il y a un régime, ses institutions et une charte : il appartient à ses responsables de décider du sort de leur pays", avait expliqué à la presse le secrétaire général de la CEEAC, Ahmat Allami, à la suspension des travaux.
"On ne sait pas de quoi il s’agit"
À Bangui, placé sous couvre-feu à 18h00 (17h00 GMT), les parlementaires ont été pris au dépourvu par cette convocation. "On a eu l’information il y a juste une heure. On ne sait pas de quoi il s’agit. On a pris les contacts, on s’est regroupés pour y aller", a expliqué jeudi soir la vice-présidente du CNT, Léa Koyassoum Doumta.
En ouvrant le sommet, Idriss Déby Itno avait invité les participants à observer une minute de silence "face à cette tragédie vécue par les Africains en Centrafrique". "Un seul constat doit être fait et il est amer : la RCA (République centrafricaine) subit au plus profond d’elle même les agissements de ses propres fils plongeant leur pays dans une guerre qui compromet dangereusement son avenir", avait ajouté le président centrafricain, demandant également "de plus en plus des actes concrets et décisifs".
(Avec AFP)
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