Tunisie : le Premier ministre Ali Larayedh a démissionné

Le Premier ministre islamiste, Ali Larayedh, a remis sa démission jeudi, respectant ainsi l’accord de sortie de crise cosigné par son parti Ennahdha et la majorité de la classe politique tunisienne. Cette décision intervient alors que le pays est une nouvelle fois déstabilisé par des conflits sociaux émaillés de heurts.

Ali Larayedh en conférence de presse après avoir remis sa démission, le 9 janvier 2014. © AFP

Ali Larayedh en conférence de presse après avoir remis sa démission, le 9 janvier 2014. © AFP

Publié le 10 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Les islamistes d’Ennahdha, au pouvoir depuis octobre 2011, ont respecté leur engagement. Le Premier ministre Ali Larayedh a remis sa démission au président Moncef Marzouki jeudi 9 janvier, conformément à un accord négocié avec l’ensemble de la classe politique tunisienne pour résoudre la crise politique qui mine le pays depuis cet été.

"Comme je m’y étais engagé (…), je viens de présenter la démission du gouvernement, a déclaré Ali Larayedh lors d’une conférence de presse. Le président m’a chargé de poursuivre la supervision des affaires du pays jusqu’à la formation du nouveau gouvernement".

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La Constituante ayant formé mercredi une instance électorale et la Constitution étant en cours d’adoption, les conditions étaient réunies pour sa démission. Le ministre sortant de l’Industrie, Mehdi Jomaâ, est désormais appelé à former un cabinet d’indépendants devant conduire la Tunisie jusqu’à des élections législatives et présidentielle en 2014.

Parité homme-femme

Une fois officiellement désigné, Mehdi Jomaâ aura quinze jours pour constituer son équipe. Il devra ensuite obtenir la confiance de l’Assemblée pour devenir le cinquième chef de gouvernement depuis la révolution de janvier 2011. Son entrée en fonction entérinera aussi le départ volontaire du pouvoir du parti islamiste Ennahdha, qui avait remporté l’élection de l’Assemblée nationale constituante en octobre 2011, premier scrutin libre de l’Histoire de la Tunisie.

Parallèlement à l’annonce de la démission de Larayedh, les députés de la Constituante ont introduit mercredi après-midi le concept de parité homme-femme dans un amendement au projet de Constitution, texte exceptionnel dans le monde arabe. L’article 45, approuvé dans son ensemble dans la soirée, prévoit que "l’État œuvre à la réalisation de la parité des hommes et des femmes dans les assemblées élues".

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La Constituante avait déjà inclus un article d’ordre général affirmant que "Tous les citoyens et les citoyennes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune". La Tunisie, sans consacrer l’égalité des sexes, est depuis 1956 le pays arabe accordant le plus de droits aux femmes. L’homme reste cependant privilégié, notamment en matière d’héritage.

Taxes suspendues face aux heurts

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Cette journée mouvementée sur le plan politique intervient aussi dans un contexte social tendu. Des violences ont éclaté ces derniers jours dans plusieurs villes du pays après l’annonce de mise en place de nouveaux impôts.

Des affrontements ont ainsi opposé jeudi après-midi plusieurs centaines de manifestants et forces de sécurité dans une cité populaire de Kasserine (centre-ouest), où des heurts sporadiques avaient encore lieu en soirée. Une source policière a fait état de huit blessés parmi les policiers. Les violences des derniers jours sont concentrées dans l’intérieur déshérité du pays, berceau de la révolution qui avait été nourrie par la pauvreté et les disparités de développement. Plusieurs bâtiments publics, en particulier des commissariats, ont été incendiés.

Dans son dernier discours avant sa démission, Ali Larayedh a voulu désamorcer ces tensions en annonçant la suspension d’une série de nouvelles taxes sur les transports. "Pour ne pas donner de chance au terrorisme et aux groupes criminels (…), nous avons décidé de suspendre la mise en œuvre des taxes concernant les transports privés, de marchandises, de personnes et pour l’agriculture", a-t-il dit.

L’économie, minée par les conflits politiques et sociaux et l’essor d’une mouvance jihadiste armée, reste anémique en Tunisie. Le taux de croissance, inférieur à 3% en 2013, est largement insuffisant pour endiguer le chômage, qui touche désormais plus de 30% des jeunes diplômés.

(Avec AFP)

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