Intenses combats au Soudan du Sud, les pourparlers de paix piétinent

Les combats entre l’armée et les rebelles faisaient rage mercredi dans plusieurs régions du Soudan du Sud. À Addis-Abeba, les pourparlers de paix entre factions rivales sont au point mort, suspendus à l’éventuelle libération de prisonniers par Djouba.

Des soldats de l’armée du Soudan du Sud, à l’aéroport de Bor le 25 décembre 2013. © AFP

Des soldats de l’armée du Soudan du Sud, à l’aéroport de Bor le 25 décembre 2013. © AFP

Publié le 8 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

La crise sud-soudanaise semble bloquée. Mercredi 8 janvier, tandis que les combats faisaient rage dans différents États du Soudan du Sud, aggravant encore la crise humanitaire, les négociations entre le gouvernement et les rebelles piétinaient dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.

Sur le terrain, forces rebelles et pro-gouvernementales ont toutes deux confirmé des affrontements dans la ville stratégique de Bor, capitale de l’État du Jonglei, dans l’Est du pays. Actuellement tenue pas les rebelles, cette ville, située à 200 km au nord de Djouba, a changé trois fois de mains depuis le début des hostilités le mois dernier. "Les gens fuient les combats autour de Bor et ne cessent d’arriver tous les jours par bateau, nous faisons ce que nous pouvons pour les aider", a déclaré John Marach, un coordinateur humanitaire pour les autorités locales.

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D’autres affrontements ont été signalés dans l’État pétrolier du Haut-Nil, dans le Nord, où les rebelles affirment bénéficier de nouvelles défections au sein de l’armée. "Nos forces se coordonnent", a affirmé un porte-parole des rebelles, Moses Ruai Lat, répétant que ceux-ci étaient prêts à attaquer Malakal, capitale du Haut-Nil. Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011, est ravagé par les combats depuis le 15 décembre.

Milices ethniques

Les affrontements ont d’abord opposé des unités de l’armée loyales au président Salva Kiir et d’autres fidèles à l’ex-vice président Riek Machar, limogé en juillet. Les combats ont ensuite dégénéré, la rébellion menée par Machar fédérant désormais une alliance plus ou moins stable de commandants de l’armée mutins et de milices ethniques.

Aux pourparlers d’Addis Abeba, un autre porte-parole des rebelles a insisté sur le fait qu’ils ne signeraient aucun cessez-le-feu tant que le gouvernement de Djouba n’aurait pas libéré certains de leurs alliés détenus depuis le début des combats. La question de la libération de ces détenus, onze au total, est au coeur des pourparlers qui se sont ouverts lundi dans la capitale éthiopienne. "Nos collègues doivent être libérés pour venir (à Addis) et participer aux discussions, a martelé le porte-parole, Yohanis Musa Pauk. Nous attendons la libération de nos détenus. Quand ils les libèreront, alors nous signerons l’accord de cessez-le-feu".

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Des milliers de morts

L’organisation gouvernementale est-africaine Igad, qui chapeaute les négociations de paix, fait elle aussi pression pour la libération des onze détenus. Mais Djouba a jusqu’ici refusé, estimant qu’ils devaient être normalement jugés.

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"En tant que gouvernement, nous sommes optimistes sur le fait de pouvoir bientôt signer un cessez-le feu", a affirmé le porte-parole de la délégation gouvernementale, Michael Makuei. "Nous progressions bien et nous sommes optimistes", a-t-il ajouté, évitant cependant soigneusement la question des détenus.

Plus de trois semaines de combats ont déjà fait des milliers de morts et quelque 200 000 déplacés au Soudan du Sud. Plus de 30 000 personnes ont fui le pays, trouvant notamment refuge en Ouganda. Des massacres, viols, meurtres à caractère ethnique – le conflit a pris une dimension tribale, opposant les Dinka de Salva Kiir aux Nuer de Riek Machar – ont aussi été reportés dans les deux camps, sur lesquels les Nations unies promettent d’enquêter.  

(Avec AFP)

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