10 raisons pour être de bonne humeur en 2014 !

2013 n’a pas dérogé à la règle : l’Afrique est apparue comme le continent de toutes les galères. 2014 réserve pourtant sa dose d’optimisme. Mais attention aux fausses bonnes nouvelles…

Souriez en espérant ne pas rire jaune plus tard ! © Glez/J.A.

Souriez en espérant ne pas rire jaune plus tard ! © Glez/J.A.

 © GLEZ

Publié le 8 janvier 2014 Lecture : 5 minutes.

Les milices ont écharpé en Centrafrique, les jihadistes ont estropié au Mali, les migrants ont sombré au large de Lampedusa, les obus ont plu à Goma, la moitié d’un Soudan s’est encore divisée et, comme si les larmes n’avaient pas suffi en 2013, le plus populaire des Africains, l’idole Madiba, nous a laissé en plan. "L’Afrique sera bientôt au centre du monde", déclarait l’afro-optimiste Lionel Zinsou. "À quand l’Afrique ?", aurait pu lui répondre l’historien Joseph Ki-Zerbo…

Et si la béatitude du continent noir était pour 2014 ? "Mon œil", répondrait une majorité d’Africains désabusés. Pourtant, obstinons-nous et embouchons la trompette zouglou de l’Ivoirien JC Pluriel en proclamant avec volontarisme que les douze prochains mois pourraient être "l’année de notre année". Et alimentons notre méthode Coué avec le palmarès des 10 raisons d’être de bonne humeur.

la suite après cette publicité

10e. L’Occident n’a pas abandonné l’Afrique…

Un soldat de l’opération française en Centrafrique "Sangaris". © Reuters

la suite après cette publicité

Peut-être devrait-on plutôt écrire “la France veille toujours sur son pré-carré”, comme semblait le traduire le lapsus de Bernard Kouchner sur la chaîne BFMTV. "Ce qui aurait été bien , c’est qu’ils viennent avec nous en Françafrique", déclarait l’ancien ministre français, il y a quelques jours, à l’évocation de certains partenaires internationaux. "Qu’importe les actes manqués", diront les enthousiastes Maliens qui acclamaient “Papa Hollande” en 2013. Mais que diraient les autorités africaines chargées de renégocier certains contrats miniers “incestueux” avec les sociétés françaises ?

9e. 2014 sera riche en spectacles sportifs

la suite après cette publicité

Du pain et des jeux ? Quelle que soit l’évolution du pouvoir d’achat des Africains, ceux-ci pourront se rincer les mirettes avec le CHAN sud-africain, le championnat d’Afrique de handball algérien ou encore les deuxièmes Jeux de la jeunesse africaine botswanais. Sans oublier la participation du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Ghana et de l’Algérie au Mondial, dans le pays qui incarne la folie du football : le Brésil.

8e. La justice est en marche !

Le continent qui incarnait, aux yeux de ses peuples, l’impunité des puissants tente enfin de régler ses comptes avec lui-même. Les victimes du régime d’Hissène Habré attendent avec impatience le procès de l’ex-président tchadien auprès des chambres africaines extraordinaires. Les avis sont plus partagés quand ce sont des jugements “européens” que promet la nouvelle année : ceux d’Uhuru Muigai Kenyatta, de William Samoei Ruto, de Thomas Lubanga Dyilo, de Germain Katanga, de Bosco Ntaganda ou de Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale. Pour l’heure, les justices libyennes et ivoiriennes gardent par devers eux Saif Al-Islam Khadafi, Charles Blé Goudé et Simone Gbagbo. Qu’adviendra-t-il des procédures contre Amadou Sanogo, Amadou Toumani Touré, Mohammed Morsi, plusieurs responsables des frères musulmans et quelques présidents propriétaires de supposés biens mal acquis ?

7e. Le luxe envahit l’Afrique

Plus besoin d’aller loin pour goûter aux plaisirs bling-bling. Les constructeurs automobiles présentent le continent noir comme l’eldorado potentiel pour voitures de luxes et les hôtels les plus chics poussent comme des champignons. Ou “plongent” comme du corail. Pour une nuit dans une suite sous-marine en plein archipel de Zanzibar, à l’hôtel Manta Resort, comptez 1100 euros. Le dénommé Mandla Maseko sera même le premier Africain noir à s’envoler dans l’espace. Enthousiasmant. Mais ne faudrait-il pas avoir de bonnes routes avant d’acheter une Porsche ou une Lamborghini ? Et ce luxe naissant ne sera-t-il pas réservé à quelques happy few ?

6e. La leçon de Mandela a été assimilée

Après que le Kenya a offert aux Etats-Unis son premier président “noir”, le Gabon vient d’élire un bourgmestre blanc. D’origine française, Seza Laury Claude Michel est désormais maire d’une commune de Libreville. Le continent est-il en passe de devenir la société multiraciale apaisée dont rêvait Madiba ?

5e. L’Afrique est championne de surf électronique

En février prochain, les célébrations du dixième anniversaire de Facebook rappelleront les gains économiques obtenus par l’Afrique grâce aux réseaux sociaux. Dans nombre de pays, Internet aura profondément modifié le rapport de la jeunesse à la politique. En Afrique blanche, le “réseau des réseaux” aura contribué aux printemps arabes. En Afrique noire, les TIC auront rendu plus difficile la triche aux élections…

4e. Les inamovibles présidents peinent à s’accrocher au pouvoir

C’est en partie le corollaire de la précédente raison d’être de bonne humeur. Reverra-t-on des règnes politiques de quatre décennies, comme en Libye, au Gabon ou au Togo ? Comme l’enseigne l’actualité burkinabè, la tentation du tripatouillage des constitutions rencontre une grogne populaire de plus en plus dégourdie. Comme le montrèrent les décagnottages forcé de Mamadou Tandja et démocratique d’Abdoulaye Wade, tripatouiller quand même ne suffit plus. S’incruster sur le trône présidentiel est de plus en plus difficile…

3e. La démocratie est en marche

Dans des pays moins traumatisés par des présidents inamovibles que par l’absence de président stable, des élections se sont tenues. Parfois dans des contrées où ça semblait impossible : au Mali -même si ça ne résout pas tout- ou à Madagascar –même si ça comporte une part de trompe l’œil. De quoi espérer que se passent au mieux les scrutins de 2014 en Algérie, en Guinée-Bissau, en Afrique du Sud, en Mauritanie, au Mozambique et -qui sait ?- en Centrafrique, en Tunisie, en Egypte et/ou en Libye.

2e. Les religions ont été remises à leur place

L’Islam politique s’est heurté plus ou moins âprement à l’exercice du pouvoir. Pour être de bonne humeur, il suffit d’observer le processus d’élaboration de la nouvelle Constitution tunisienne. La révolution meurtrie n’a pas succombé aux blessures de la théocratie. La source principale de la nouvelle législation ne sera pas constituée de la charia et les citoyens et citoyennes seront égaux devant la constitution tunisienne.

1ère. La croissance est au rendez-vous

Bien sûr, cela fait plusieurs années que le Produit intérieur brut des pays africains augmente, en moyenne, de 5% par an, sans que l’impact sur le développement ne se fasse sentir au niveau de la population. A quoi bon un boom minier si seul voient la couleur de l’or ceux qui meurent de la manipulation du mercure ? Tout de même, en ce début d’année 2014, les discours des géniteurs de programmes de lutte contre la pauvreté tendent à changer. Des perspectives de traduction de la croissance dans le quotidien des Africains, ça a de quoi mettre de bonne humeur…

Alors souriez en espérant ne pas rire jaune plus tard !

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires