Tunisie : scènes de violence entre manifestants et forces de l’ordre à Kasserine
Les manifestations contre les inégalités économiques et la hausse de différentes taxes se multiplient ces derniers jours en Tunisie. Mercredi, des heurts ont opposé policiers et manifestants à Kasserine et à Thala, dans le centre du pays.
Alors qu’à Tunis les députés sont concentrés sur l’examen et l’adoption du projet de Constitution, des heurts opposant les forces de l’ordre à des manifestants ont éclaté mercredi 8 janvier à Kasserine et Thala, dans le centre de la Tunisie.
Des dizaines de manifestants ont tenté de s’introduire de force dans le siège d’Ennahdha – le parti islamiste au pouvoir – à Kasserine avant d’être dispersés par les gaz lacrymogènes des policiers. Dans la ville de Thala, située dans la même région que Kasserine et déjà théâtre de heurts dans la nuit de mardi à mercredi, un poste de police a été attaqué mercredi et partiellement incendié par des manifestants.
Mercredi, la ville de Kasserine était par ailleurs paralysée par une grève lancée à l’appel du syndicat UGTT (Union générale tunisienne du travail). Ce débrayage a été organisé à une date symbolique, marquant la mort du premier habitant de Kasserine lors de la révolution de janvier 2011. "Nous avons voulu en cette journée, qui marque la mort du premier martyr de la révolution à Kasserine, protester contre le sous-développement et la situation socio-économique médiocre dans notre région, a expliqué le syndicaliste Sadok Mahmoudi. La classe politique doit savoir que nous tenons toujours à la réalisation des objectifs de la révolution : dignité, liberté, et travail".
Hausse des taxes sur les véhicules
"Le peuple veut la chute du régime" ou "pauvre peuple ils (les islamistes d’Ennahdha au pouvoir, ndlr) t’ont bien eu au nom de la religion" faisaient partie des slogans scandés par la foule, composée de plusieurs centaines de manifestants. La région de Kasserine, qui compte parmi les régions les plus défavorisées de Tunisie, était l’un des points chauds du soulèvement de fin 2010-début 2011.
Depuis l’automne, les manifestations et grèves se multiplient à travers le pays, sur fond d’économie en berne. De nouvelles taxes sur les véhicules, notamment agricoles et de transports collectifs, entrent en vigueur en 2014, entrainant ces derniers jours plusieurs mouvements de protestation et le blocage de nombreuses routes.
Le parti islamiste Ennahdha a exprimé mercredi sa "compréhension face à ces mouvements de protestations" et appelé le gouvernement à "réviser" ces nouvelles taxes. La loi de finances prévoyant ces nouveaux impôts a pourtant été adopté en décembre dernier avec le soutien des islamistes, majoritaires à l’Assemblée nationale constituante (ANC). Ces nouvelles protestations interviennent alors que l’ANC est en train d’approuver la future Constitution du pays qu’elle espère achever, avec plus d’un an de retard, avant le 14 janvier, troisième anniversaire de la révolution contre Ben Ali.
(Avec AFP)
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