Égypte : une marionnette suspectée d’aider les islamistes à préparer des attentats
La justice égyptienne enquête actuellement sur… une marionnette. En ligne de mire : « Abla Fatiha », personnage satirique célèbre utilisé dans une publicité du groupe britannique Vodaphone. Celui-ci est accusé par un partisan de l’ancien président Hosni Moubarak d’avoir glissé dans sa publicité des messages permettant aux partisans de Mohamed Morsi de planifier des attentats.
Ce n’est qu’une marionnette, bien connue des Égyptiens pour ses sketchs satiriques. Elle est pourtant la cible d’une enquête préliminaire du parquet du Caire. Utilisée dans une publicité de la marque britannique Vodaphone, celle-ci, "Abla Fatiha", fait l’objet d’une plainte déposée par un activiste partisan de l’ancien président Hosni Moubarak, surnommé "Spider".
Ce dernier estime que la compagnie de télécommunication a glissé dans sa publicité des messages codés permettant aux partisans islamistes de Mohamed Morsi de planifier des attaques terroristes. Ce qui ne manque pas d’imagination.
Dans ce spot publicitaire, on voit ainsi "Abla Fahita" et sa fille "Karkouka", la marionnette tentant de réactiver la carte SIM de son mari décédé. En fond sonore : une recette de dinde farcie. Et, en guise de décor : un cactus décorée de guirlandes lumineuses et de boules de Noël. Pas vraiment de quoi s’alarmer donc, sauf peut-être pour un activiste un brin paranoïaque.
Pour lui, la boule de Noël est en fait la représentation d’une dangereuse bombe, tandis que le cactus à quatre branches symbolise "Rabâa", le signe de ralliement des manifestants pro-Morsi en référence à la place Rabaa al-Adawiya, où des centaines d’islamistes ont péri dans la dispersion de leur rassemblement par l’armée, au mois d’août dernier. Sur la chaîne CBC, le jeune homme a accusé "les services secrets britanniques" d’être derrière cette affaire. "Je vais te faire emprisonner", a-t-il lancé à la marionnette, menaçant s’il n’y parvenait pas de "quitter le pays".
>> Lire aussi : ""Les guignols" en Tunise, poupées de satire, poupées de dérision"
Curieusement, Vodaphone, cité par l’AFP, n’a pas semblé s’émouvoir outre mesure de la plainte déposé par l’imaginatif activiste. La marque dément en effet ces accusations estimant que "la publicité ne contient aucun message ou signification caché" et que "toute autre interprétation relève de la fiction pure". Le groupe britannique se réserve même le droit de saisir à son tour la justice.
C’est à cette dernière désormais de juger la crédibilité des accusations de "Spider". Elle devra notamment déterminer si la dinde fourrée est, comme le prétend le plaignant, la représentation d’une voiture piégée.
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Par Mathieu OLIVIER
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