Soudan du Sud : les pourparlers de paix tardent à débuter
Les délégations du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival et chef de la rébellion, l’ex vice-président Riek Machar, peinaient jeudi soir à entamer des pourparlers de paix à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Alors que les combats se poursuivent au Soudan du Sud, les négociations entre les émissaires du président Salva Kiir et ceux du chef de la rébellion, l’ancien vice-président Riek Machar, ont pris du retard et n’avaient toujours pas débuté jeudi 2 janvier au soir, à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
"Nous sommes prêts pour les discussions mais nous n’allons pas rencontrer la délégation gouvernementale aujourd’hui", a déclaré jeudi après-midi un délégué des rebelles, Yohanis Musa Pouk, alors que l’incertitude régnait sur le calendrier et les modalités des pourparlers. Les deux délégations ont été installées dans le même hôtel mais tous leurs membres n’étaient apparemment pas arrivés dans la capitale éthiopienne.
Ces pourparlers visent à mettre fin à un conflit qui a déjà fait des milliers de morts en plus de quinze jours dans ce jeune État indépendant depuis 2011. Les troupes rebelles sont notamment actives dans le nord, région pétrolière, et dans l’Est.
Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, avait annoncé mercredi que "des discussions informelles" se tiendraient dès jeudi. Selon l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est), l’organisation régionale qui doit chapeauter les discussions, les pourparlers porteront d’abord sur la façon de mettre en œuvre un cessez-le-feu, ensuite sur la manière de résoudre les différends politiques qui ont "conduit à (…) la confrontation actuelle".
Incertitudes autour de Bor
Les combats ont commencé le 15 décembre, quand Salva Kiir a accusé Riek Machar – limogé de son poste en juillet 2013 – d’avoir tenté un coup d’État. Riek Machar a rejeté cette accusation, accusant en retour le président d’avoir voulu éliminer ses rivaux.
Sur le terrain, l’armée sud-soudanaise a déclaré jeudi marcher vers la ville stratégique de Bor pour la reprendre aux rebelles. "Nous marchons sur Bor (…). Quitter la ville faisait partie d’une retraite tactique, mais maintenant nous avançons à nouveau sur la ville", a déclaré le porte-parole de l’armée, Philip Aguer. Mardi, les rebelles avaient pris le contrôle de la capitale de l’État de Jonglei, située à seulement 200 kilomètres au nord de la capitale du Soudan du Sud, Djouba. Bor a déjà changé trois fois de mains depuis le début des combats à la mi-décembre.
Les organisations humanitaires ont accru les avertissements dénonçant une aggravation de la situation des civils. Selon le chef de la mission humanitaire de l’ONU dans le pays, Toby Lanzer, les habitants de Bor font désormais face à "une situation de plus en plus désastreuse : l’eau, la nourriture et les médicaments commencent à manquer, les conditions sanitaires se dégradent."
De leur côté, les pays de l’Igad avaient lancé un ultimatum aux deux parties pour une cessation des hostilités au 31 décembre. Mercredi, la représentante du secrétaire générale de l’ONU au Soudan du Sud, Hilde Johnson, avait affirmé que Bor, ainsi que la plupart des foyers de violences des derniers jours dans les États d’Unité (nord) et du Haut-Nil (nord-est), étaient "calmes". Mais mardi, Riek Machar, qui excluait tout cessez-le-feu et tout face-à-face direct avec Salva Kiir dans l’immédiat, avait assuré que la rébellion marchait sur la capitale, Djouba.
200 000 déplacés
Selon plusieurs organisations humanitaires, le conflit aurait déjà fait des milliers de morts et près de 200 000 déplacés. Des informations ont aussi émergé sur des viols, meurtres et massacres à caractère ethnique. Car les combats revêtent également une dimension tribale : la rivalité entre les deux hommes utilise et exacerbe les antagonismes entre Dinka, tribu de Salva Kiir, et Nuer, celle de Riek Machar.
Le gouvernement sud-soudanais a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête par l’armée sur les massacres de civils. La mission des Nations unies au Soudan du Sud, la Minuss (UNMISS), a quant à elle déjà annoncé avoir commencé à réunir des données sur des "atrocités" commises par les deux camps.
L’Union africaine a pour sa part exprimé "la consternation et la déception de l’Afrique de voir la plus jeune nation du continent descendre si vite dans l’abysse de conflits internes" et a mis en garde contre le risque d’une "guerre civile totale aux lourdes conséquences pour la paix, la sécurité et la stabilité régionales".
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...