Centrafrique : Le Drian à Bangui, Bozizé appelle à la démission de Michel Djotodia

Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, est à Bangui, jeudi. Il doit rendre visite aux soldats de la force Sangaris, nom de code de l’opération militaire entamée le 5 décembre par la France en Centrafrique. La veille, des échanges de tirs ont fait un mort et quinze blessés, dont trois enfants.

Un hôpital de campagne installé par MSF près de l’aéroport de Bangui. © AFP/Miguel Medina

Un hôpital de campagne installé par MSF près de l’aéroport de Bangui. © AFP/Miguel Medina

Publié le 2 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian est arrivé, jeudi 2 janvier au matin, à Bangui où il devait rendre visite aux soldats de la force Sangaris, nom de code de l’opération militaire entamée le 5 décembre en Centrafrique. Le ministre français ne devrait pas rencontrer les autorités de transition du pays.

Sa visite intervient dans un contexte particulièrement tendu. Mercredi, jour du nouvel an, des échanges de tirs ont fait un mort et quinze blessés, dont trois enfants, poussant des centaines de civils à fuir vers le camp de déplacés situé à proximité de l’aéroport.

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Selon des témoignages de riverains, des affrontements ont éclaté en fin de matinée dans le 5e arrondissement de la capitale, proche de l’aéroport, entre ex-rebelles Séléka et milices chrétiennes "anti-balaka". Des tirs d’armes automatiques continus se rapprochaient du camp.

En une heure, 16 personnes dont trois enfants ont été amenées des quartiers voisins à l’hôpital improvisé par Médecins sans frontières (MSF) dans le camp, tous blessés par balle ou victimes d’éclats de munitions. Sous une tente, ils sont soignés à même le sol. Un adulte est décédé des suites de ses blessures.

"Ca n’arrête pas. Hier encore, on a reçu un bébé de six mois qui est décédé après avoir reçu une balle perdue", a déclaré un responsable local de MSF.

À l’intérieur du camp, une tension extrêmement forte régnait, mercredi, en raison de rumeurs d’infiltration d’ex-Séléka et l’exaspération des déplacés se focalisait notamment sur les journalistes étrangers, faute d’autre interlocuteur. Le personnel expatrié de MSF a quant à lui évacué les lieux.

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Paradoxalement, aucune force de la Misca n’était présente aux abords du camp pour sécuriser les lieux. Les barbelés qui séparaient le camp du parking de l’aéroport, base des soldats français de l’opération Sangaris et de la force africaine (Misca), ont été enlevés et de nombreux civils déplacés circulaient mercredi entre les deux sites. Environ 200 personnes terrorisées ont trouvé refuge à l’intérieur même de l’aéroport.

"Djotodia est synonyme de chaos"

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Mardi, plusieurs centaines de manifestants, excédés par l’insécurité et leurs conditions de vie déplorables, avaient envahi le tarmac de l’aéroport, empêchant les avions de décoller. Ils demandaient également à l’armée française d’accélérer les opérations de désarmement des ex-rebelles.

Autour de l’aéroport, ils sont environ 100 000 déplacés vivant sous des tentes de fortune, dormant à même le sol, pour qui l’accès à l’eau et à la nourriture est un casse-tête quotidien, selon des estimations de responsables humanitaires.

Chrétiens pour l’immense majorité, ils sont venus se placer sous la protection des militaires français pour échapper aux exactions des ex-rebelles majoritairement musulmans de la Séléka. De leur côté, les civils musulmans, centrafricains mais surtout tchadiens, fuient la ville.

Ils craignent d’être victimes de représailles de milices d’autodéfense "anti-balaka" ou de foules les accusant de connivence avec les Séléka qui ont chassé le président François Bozizé du pouvoir en mars 2013.

Actuellement en exil, ce dernier a appelé sur RFI le président Michel Djotodia à démissionner. "Pour nous, Djotodia est synonyme de chaos", a-t-il déclaré. Son fils, Jean-Francis est soupçonné par les militaires français d’être derrière l’assaut lancé le 5 décembre contre des positions de la Séléka à Bangui.

(Avec agences)
 

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