RDC : retour au calme après une série d’attaques contre des symboles du pouvoir à Kinshasa
Le ministère congolais de la Défense a annoncé, lundi soir, que les forces armées contrôlaient « totalement » la situation après la série d’attaques quasi-simultanées dans la capitale Kinshasa et dans d’autres villes du pays qui ont fait au moins 70 morts.
A-t-on assisté à une tentative de coup d’État, lundi 30 décembre ? L’incertitude plane toujours au lendemain de la série d’attaques quasi-simultanées dans la capitale Kinshasa et dans d’autres villes du pays qui ont fait au moins 70 morts parmi les assaillants anti-gouvernementaux.
Le ministère congolais de la Défense a annoncé lundi soir que les forces armées contrôlaient "totalement" la situation. Alors qu’un bandeau déroulant sur la RTNC indiquait que l’aéroport était désormais "rouvert aux vols nationaux et internationaux", les compagnies aériennes annonçaient la suspension de leurs vols en raison de "l’insécurité", ont indiqué deux agences gérant les vols.
Selon une source gouvernementale, "une bonne moitié des assaillants (…) a été neutralisée (arrêtée ou tuée)" et "les autres ont pris la fuite en traversant le fleuve (pour rejoindre le Congo voisin) ou en se dispersant dans Kinshasa".
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Aucun détail n’avait encore filtré en début de soirée sur le mode opératoire de ces attaques qui ont pris la population congolaise par surprise. Mais une source proche du pouvoir a évoqué des "attaques bien orchestrées à Kinshasa, Lubumbashi et Kindu", sans toutefois donner davantage de précisions.
Les affrontements ont débuté à Kinsahsa. Entre 09h00 et 10h30 (09h30 GMT), une journaliste a entendu plusieurs tirs d’arme lourde. Un chauffeur de taxi a pour sa part évoqué "plusieurs tirs d’arme lourde, six à sept tirs". Tour à tour, les assaillants, munis d’armes et de machettes ont attaqué le siège de la télévision nationale, l’aéroport international et la base de l’état-major militaire dans la capitale congolaise.
Des attaques ont aussi été signalées à Lubumbashi, la deuxième plus grande ville du pays, et à l’aéroport de Kindu, capitale de la province diamantifère du Maniema, où des troupes de la Mission de l’ONU (Monusco) ont riposté face aux agresseurs, selon Martin Nesirky, un porte-parole de l’ONU.
"Prophète"
Vers 09h00 GMT, "il y a eu des crépitements de balles" près de la résidence (à Lubumbashi) du ‘prophète’ Joseph Mukungubila", a déclaré Timothée Mbuya, président de l’ONG des droits de l’homme Justicia. Il a précisé plus tard que des tirs à l’arme lourde avaient ciblé la maison et l’église du pasteur, et qu’une de ses églises avait été visée à Kolwezi, au sud de Lubumbashi.
Au total, plus de 70 assaillants et trois militaires – dont un officier supérieur – ont été tués, et deux civils ont été blessés à l’aéroport de Kinshasa, a précisé le porte-parole gouvernemental Lambert Mende. Les autorités ont également indiqué que 52 "terroristes" avaient été tués et 39 capturés rien qu’à Kinshasa.
À l’aéroport de Kinshasa, un journaliste de l’AFP a dénombré 24 corps d’assaillants. Ils étaient tous en tenue civile et étaient âgées d’une vingtaine d’années. Des habitants ont mutilé leurs corps, prélevant leur sexe, vraisemblablement à des fins mystiques.
Lambert Mende a souligné qu’un bilan plus précis serait communiqué mardi "le temps de compiler les données" sur les trois villes qui ont été attaquées : Kinshasa, Lubumbashi, capitale de la riche province du Katanga (sud-est), et Kindu.
Une partie de ces assaillants s’est réclamée du pasteur Joseph Mukungubila Mutombo, candidat à la présidentielle de 2006, remportée par l’actuel chef de l’État, Joseph Kabila. Les deux hommes sont originaires du Katanga, où se trouve actuellement le président Kabila.
Dans une lettre ouverte datée du 5 décembre, celui qui s’est surnommé "prophète de l’Éternel" a dénoncé une mauvaise gestion du pays et tenu un discours haineux contre le Rwanda voisin, dont il a rappelé les agressions contre la RDC et avec lequel, selon le pasteur, le chef de l’État pactise.
(Avec AFP)
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