Les losers de 2013
Les peaux de bananes n’ont pas manqué en 2013. Pas seulement celles des insultes simiesques, mais aussi celles qui ont fait chuter quelques personnalités de leurs positions enviées. Bilan des dégringolades…
En cette période de fin d’année, les médias ne retiennent l’attention d’une audience déconcentrée qu’avec trois types de programmes “tartes à la crème" : primo, le palmarès prévisible des personnalités de l’année, curieusement établi avant que ladite année ne soit achevée ; secundo, des fictions sirupeuses sur un Père Noël commercialement bien incrusté ; tertio, des bêtisiers qui concentrent une propension à la sottise déjà trop représentée en temps normal. Mais, après tout, pourquoi ne pas céder à la “tartes à la crème à la peau de banane” ? Au lieu de distribuer des lauriers à ceux qui nous rendent jaloux, consolons-nous en nous rappelant que l’année n’a pas été une sinécure pour toutes les personnalités.
Passons sur ceux qui, comme Justine Sacco, ne sont apparus dans la lumière de 2013 que pour mieux être plongés dans des ténèbres qui pourraient avoir un goût d’éternité. Responsable de la communication du groupe de médias américain AIC, elle a oublié de tourner sept fois son tweet dans sa tête, le 20 décembre dernier. Juste avant de monter dans un avion à destination de l’Afrique du Sud, elle a écrit sur Twitter : “Je pars pour l’Afrique. J’espère que je ne vais pas attraper le sida. Je plaisante, je suis blanche !” Le scandale aura éclaté avant même son arrivée à destination. Virée ! Son atterrissage se révèlera un crash professionnel.
Les mauvaises blagues de 2013 n’ont pas provoqué la chute de tout le monde. François Hollande, dont la popularité est bien meilleure sur le continent africain que dans son propre pays, survivra à sa bourde au retour de Manuel Valls d’Algérie, le président français s’étant félicité que le ministre de l’Intérieur soit revenu “sain et sauf, c’est déjà beaucoup”. Le mini-scandale diplomatique algéro-français devrait être oublié en 2014. Ainsi que certains sifflets sud-africains, comme l’espère sans doute Jacob Zuma qui s’apprête à partir en campagne électorale. Passons sur l’année 2013 de Thamasanga Jantjie, l’interprète en langage des signes lors de l’hommage sud-africain à Nelson Mandela. Vrai-faux complice de meurtre ou faux-vrai schizophrène, il a été finalement interné.
Le fils biologique sénégalais et le fils spirituel ivoirien ont découvert que l’état de grâce dure moins longtemps que l’état de disgrâce.
Ce sont parfois des “grosses légumes” qui ont été privées de liberté en 2013, parmi lesquels certains pensaient avoir mangé leur pain noir jusqu’au quignon. Ils oubliaient que si la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, le sort politique, lui, aime remettre une couche de disgrâce. Le sort de leurs protecteurs à leur présidentielle respective avaient déjà coûté à Charles Blé Goudé et Karim Wade leur accès aux ors de la République. Janvier 2013, pour l’un, et avril, pour l’autre, ont enfoncé le clou de la crucifixion en les conduisant derrière les barreaux. Le fils biologique sénégalais et le fils spirituel ivoirien ont découvert que l’état de grâce dure moins longtemps que l’état de disgrâce. Plus humiliante est l’incarcération lorsqu’elle prend l’allure d’une douche froide.
À trois mois d’intervalles, le capitaine Amadou Haya Sanogo est nommé général de corps d’armée, avant d’être mis sous mandat de dépôt. Grand écart pour celui qui considère qu’il a été chef d’Etat en mars 2012. Pourtant, la prison serait-elle parfois un moindre mal ? Un autre général, le congolais Bosco Ntaganda a préféré se jeter dans la gueule du loup. En mars 2013, "Terminator" se livrait à l’ambassade des États-Unis à Kigali, avant d’être envoyé à la Cour pénale internationale. Il est vrai que pour certains, des procédures judiciaires à n’en plus finir garantissent des résidences surveillées confortables. Bien plus confortables que la vengeance incontrôlable d’anciens suppliciés. Pourtant, c’est bien cette “foutue” année 2013 qui a imposé à Hissène Habré, en juillet, une inculpation par un tribunal sénégalais qui pourrait signifier l’accélération des procédures qui conduisent à son procès.
Si 2013 a "versé du sable dans le couscous" d’éminences déjà frappées de disgrâce en 2012, l’année a également connu son lot de nouvelles chutes de piédestaux. Certes, Bertrand Bisiimwa, chefaillon dans l’Est de la République démocratique du Congo, n’avait pas encore goûté aux saveurs de l’État quand la rébellion du M23 a été réduite, en novembre. Mais d’autres sont tombés de la plus haute marche du podium. Les deux présidents africains déflatés les plus visibles en 2013 sont à rechercher en Centrafrique et en Égypte. François Bozizé, renversé en mars, n’est que la victime d’un énième putsch centrafricain. Quant à Mohamed Morsi, il chute de son trône, en juillet, lors d’une réplique tellurique du séisme égyptien qui déstabilisa Hosni Moubarak avant lui. L’Égyptien a cédé les rênes à un homme fort qui ressemble à son prédécesseur. Le Centrafricain a été remplacé par un clone qui, lui, semble impuissant avant même d’avoir été décagnoté.
Les deux présidents africains déflatés les plus visibles en 2013 sont à rechercher en Centrafrique et en Égypte.
Au sortir de 2013, le plus immortel est celui qui est décédé. Mais la tragique disparition de Nelson Mandela, porteuse de positivité, aura provoqué un autre dérapage professionnel : celui du sosie de Madiba jeune. Médiatisé, Ayanda Mbatyothi a tout de même tenu à enrober son chômage promis avec un volontarisme de bon aloi, à la limite de la candidature à la réincarnation. Après tout, que ceux qui ont été giflés par 2013 fassent leurs comptes…
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Damien Glez
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