Soudan du Sud : l’ONU lance un appel de fonds pour faire face à l’urgence humanitaire

Depuis la mi-décembre, le bilan des combats fait état de plusieurs milliers de morts au Soudan du Sud. Au moins 90 000 personnes ont été déplacées à travers le pays. Pour faire face à cette situation préoccupante, l’ONU mobilise les fonds de la communauté internationale.

Des civils se ravitaillent en eau le 24 décembre 2013 à Bentiu. © MINUSS/AFP

Des civils se ravitaillent en eau le 24 décembre 2013 à Bentiu. © MINUSS/AFP

Publié le 26 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

"Au moins 90 000 personnes ont été déplacées depuis dix jours, dont 58 000 se sont réfugiées sur les bases de l’ONU" à travers le Soudan du Sud, a expliqué, le 25 décembre, Toby Lanzer, le coordinateur humanitaire de l’ONU sur place. Des centaines de milliers d’autres auraient également fui en brousse pour s’éloigner des combats.

Selon l’ONU, les agences humanitaires ont besoin de 166 millions de dollars pour assurer les secours d’urgence à la population du Soudan du Sud jusqu’en mars prochain. Il s’agit aussi d’aider 200 000 réfugiés venus du Soudan voisin et installés dans les États sud-soudanais d’Unité et du Nil Supérieur.

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Des combats se poursuivent

Au lendemain de l’annonce d’un renforcement des effectifs des Casques bleus de l’ONU pour tenter de mettre fin au conflit, les combats ont encore opposé mercredi l’armée et la rébellion.

"Il y a des combats à Malakal depuis ce matin [le 25 décembre] entre les forces gouvernementales et les rebelles", a déclaré le ministre de l’Information Michael Makwei, démentant que les rebelles aient pris le contrôle de cette ville clé, capitale de l’État du Nil Supérieur.

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Le contrôle des États pétroliers du nord du pays est un enjeu stratégique pour les deux parties, car les recettes du pétrole représentent 95 % de la fragile économie nationale.

Mercredi, les rebelles contrôlaient toujours Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, mais les forces gouvernementales ont dit se préparer à reprendre la ville.

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Le bilan des combats qui opposent depuis la mi-décembre les forces du président sud-soudanais, Salva Kiir, et celles de son ex-vice-président, Riek Machar, limogé en juillet et entré en rébellion, atteindrait plusieurs milliers de morts, selon l’ONU.

Pas de date pour un dialogue entre les deux rivaux

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a de nouveau appelé mercredi les deux rivaux à dialoguer et a menacé les responsables d’exactions de sanctions, dans un "message radio et vidéo à la population du Soudan du Sud".

"Le Soudan du Sud est menacé, mais le Soudan du Sud n’est pas seul", déclare-t-il. "Je veux vous assurer que les Nations unies se tiennent aux côtés de la population du Soudan du Sud en ces temps difficiles", ajoute-t-il, rappelant les "attaques abominables" et les "graves violations des droits de l’homme" commises. 

Dans son message de Noël "à la ville et au monde", le pape François a appelé mercredi à "favoriser la concorde au Soudan du Sud, où les tensions actuelles ont déjà provoqué des victimes et menacent la cohabitation pacifique du jeune État".

Pour l’instant, les appels à la cessation des hostilités de la communauté internationale n’ont pas été suivis. Les deux hommes ont cependant accepté d’entamer des pourparlers, mais sans fixer de date.

Découverte de charniers et escalade vers un conflit interethnique ?

Par ailleurs, dans un message à la nation à l’occasion de Noël, Salva Kiir a reconnu la dérive interethnique des combats : "Il y a maintenant des gens qui ciblent les autres en raison de leur appartenance tribale (…) Tout cela va entraîner notre nouvelle nation vers le chaos", a-t-il prévenu.

De premières découvertes macabres ont eu lieu. Depuis Genève, Navi Pillay, Haut-commissaire de l’ONU en charge des droits de l’homme, a annoncé mardi la localisation d’un charnier à Bentiu et de deux autres à Djouba. Une quinzaine de corps ont été découverts dans le charnier de Bentiu, et une vingtaine de cadavres ont été trouvés près d’une rivière avoisinante.

À Djouba même, la Minuss s’est montré plus prudente mercredi sur l’existence de charniers, confirmant les 15 morts mais expliquant "enquêter" sur cette affaire.

(Avec AFP)

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