Soudan du Sud : découverte d’un charnier à Bentiu, Riek Machar prêt à négocier avec Salva Kiir

Un charnier d’au moins 34 morts a été découvert lundi au Soudan du Sud, à Bentiu, capitale de l’État pétrolier d’Unité (nord). Sur le plan politique, Riek Machar, l’ancien vice-président et chef de file de la rébellion, a affirmé mardi qu’il était « prêt à engager des pourparlers » en Éthiopie avec son rival, le président Salva Kiir.

Des déplacés à Bentiu, le 22 décembre 2013. © AFP

Des déplacés à Bentiu, le 22 décembre 2013. © AFP

Publié le 24 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Les exactions se poursuivent au Soudan du Sud, en proie à un début de guerre civile. Selon un communiqué du Haut-commissariat de l’ONU en charge des droits de l’homme publié mardi 24 décembre, un charnier d’au moins 34 morts a été découvert la veille à Bentiu, capitale de l’État pétrolier d’Unité (nord).

"Nous avons découvert un charnier à Bentiu, et il y en aurait deux autres à Juba", a déclaré dans ce document Navi Pillay, Haut-commissaire en charge des droits de l’homme. Selon sa porte-parole, quelque 34 corps ont été découverts mais l’Onu craint que le bilan n’atteigne 75 morts. "Le charnier a été visité hier matin, les officiels de l’ONU sur place ont vu 14 corps dans le charnier, et 20 autres près d’une rivière toute proche. Ils ont été informés qu’il y avait 75 soldats de la SPLA, de l’ethnie Dinka, qui manquaient à l’appel, et dont on craint qu’ils ne soient morts", ont précisé les responsables onusiens.

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Concernant les deux autres éventuels charniers, la porte-parole de Navi Pillay a ajouté que l’organisation essayait de vérifier les informations mais que les "conditions sont difficiles". "Il y a eu des informations selon lesquelles des corps auraient déjà été brûlés", a-t-elle encore indiqué.

Au moins 45 000 déplacés

Navi Pillay a par ailleurs dénoncé des "exécutions de masse, en dehors de tout jugement, le ciblage d’individus sur la base de leur appartenance ethnique et les détentions arbitraires", qui ont eu lieu au Soudan du Sud ces dix derniers jours. La Haut-commissaire a aussi fait part de sa grande inquiétude concernant le sort des nombreuses personnes qui ont été arrêtées et qui sont détenues dans des lieux inconnus, parmi lesquelles figurent quelques centaines de civils, arrêtés lors de perquisitions de maisons et d’hôtels à Djouba. Des centaines de membres des forces de police du Soudan du Sud auraient également rendre les armes et été arrêtés.

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Les violences en cours au Soudan du Sud ont provoqué l’exode sur les routes du pays de 45 000 personnes, qui ont pour la plupart cherché refuge dans les bases onusiennes débordées. Des centaines de milliers d’autres personnes ont très probablement fui dans la brousse. Selon Navi Pillay, le nombre total de personnes déplacées devrait donc être beaucoup plus élevé. "Il y a un sentiment de peur palpable parmi les membres des deux ethnies Nuer et Dinka, qu’ils vont être tués en raison de leur appartenance ethnique", a-t-elle indiqué, lançant un appel à la fin des violences contre les civils dans le pays.

Sur le plan politique, un dialogue pourrait bientôt débuter entre l’ancien vice-président et chef de file de la rébelion, Riek Machar, et le chef de l’État Salva Kiir. Dans une interview accordée à Radio France internationale (RFI), Riek Machar a en effet affirmé mardi qu’il était "prêt à engager des pourparlers" en Éthiopie avec son rival.

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"Nous voulons que Salva Kiir s’en aille"

"Nous sommes prêts à engager des pourparlers. J’ai formé une délégation. J’ai discuté ce matin avec le secrétaire d’État (américain) John Kerry et le ministre des Affaires étrangères de l’Éthiopie et fait part du fait que j’étais prêt pour des pourparlers", a déclaré Riek Machar.  "J’espère que les discussions se tiendront en terrain neutre, à l’étranger. L’idée, c’est de les tenir en Éthiopie", a-t-il ajouté, en précisant qu’il ne ferait pas partie de cette délégation.

"J’ai formé une délégation au plus haut niveau et je lui ai délégué mes pouvoirs pour conclure un accord", a souligné Riek Machar. L’ancien vice-président a également réaffirmé son objectif d’obtenir le départ de Salva Kiir du pouvoir. "Nous voulons une nation démocratique. Nous voulons des élections libres, justes et démocratiques. Nous voulons que Salva Kiir s’en aille", a-t-il insisté.

La semaine dernière, le président sud-soudanais a accusé son ancien vice-président, limogé en juillet, d’avoir organisé une tentative de coup d’État. Riek Machar a démenti ces informations, accusant Salva Kiir de vouloir éliminer ses rivaux. Ses hommes ont depuis pris deux capitales régionales stratégiques : Bor, dans l’État chroniquement instable du Jonglei, et Bentiu, dans l’État d’Unité, riche en pétrole.

Face à l’ampleur de la crise actuelle, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a recommandé au Conseil de sécurité de renforcer de 5 500 hommes le contingent de quelque 7 000 Casques bleus déjà présents dans le pays. Officiellement, les combats qui frappent depuis un peu plus d’une semaine le Soudan du Sud ont fait 500 morts, mais là encore, à en croire plusieurs travailleurs humanitaires, ce bilan est certainement largement sous-estimé.

(Avec AFP)

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