Vidéo. La petite blague de Hollande qui ne fait pas rire l’Algérie

Invité à s’exprimer lors du soixante dixième anniversaire du Crif, François Hollande a ironisé sur le fait que son ministre de l’Intérieur Manuel Valls était revenu « sain et sauf » d’Algérie. Au sud de la Méditerranée, cette plaisanterie n’a fait rire personne, des réseaux sociaux au sommet de l’État en passant par les médias.

François Hollande avait effectué une visite réussie en Algérie au mois de décembre 2012. © AFP

François Hollande avait effectué une visite réussie en Algérie au mois de décembre 2012. © AFP

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Publié le 22 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

François Hollande est connu pour ses petites phrases et ses traits d’humour. Mais cette fois-ci, une de ses "blagues" n’a pas fait rire tout le monde, en particulier en Algérie.

Lundi 16 décembre, le président français était invité au 70è anniversaire du Conseil des représentations des institutions juives de France (Crif). Avant d’entamer son discours, il salue Christiane Taubira, la garde de Sceaux, de "retour de Guyane". Il s’adresse ensuite à Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, qui rentre lui d’Algérie où il participait à une visite officielle du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.  

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François Hollande déclare alors que le ministre revient tout juste d’Algérie "sain et sauf". Et d’ajouter : "c’est déjà beaucoup".


Discours à l’occasion du 70ème anniversaire du… par elysee

Les éclats de rire dans la salle n’ont pas été partagés par les Algériens, loin de là. Samedi, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a estimé que cette boutade du président Hollande sur la sécurité en Algérie était un "incident regrettable".

"Une blague de mauvais goût"

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"Il est clair qu’il s’agit d’une moins-value par rapport à l’esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises, et même autres, peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie", a déclaré le chef de la diplomatie algérienne lors d’une conférence de presse à Alger, le 21 décembre. "Nous avions terminé l’année 2012 sur le succès éclatant de la visite d’État de M. François Hollande en Algérie. L’année 2013 n’est pas encore terminée, nous ne souhaitons pas la terminer sur une mauvaise note, et nous souhaitons donc que nous puissions trouver dans les jours qui nous séparent de la fin de l’année un moyen de tourner la page de cet incident regrettable".

Plusieurs médias du sud de la Méditerranée n’ont pas manqué de cibler la phrase douteuse du chef de l’État français. Samedi, cette affaire faisait la une des journaux arabophones El-Khabar, Echorouk et Ennahar. Quant au quotidien francophone El Watan, un de ses éditorialistes évoquait "une blague de mauvais goût", qui renvoie "le peuple à sa condition de colonisé, de sauvage à civiliser, d’indigène de la République, dénué aussi bien de cortex cérébral que d’humour". Sur les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook, les réactions des Algériens n’ont pas trainé non plus. Dans leur majorité, tous s’indignent que François Hollande puisse tenir de tels propos.

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Enfin, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH, organisation gouvernementale), Farouk Ksentini, a lui appelé François Hollande à présenter des excuses pour ses propos "provocateurs à l’encontre de l’Algérie".

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Benjamin Roger

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