Égypte : l’ex-président Morsi sera aussi jugé pour « espionnage »
Lors de son procès, qui doit reprendre le 8 janvier au Caire, l’ex-président égyptien Mohamed Morsi devra faire face à de nouvelles charges. En plus de complicité de meurtres, il est désormais accusé d' »espionnage au profit d’organisations étrangères ».
Détenu depuis sa destitution le 3 juillet, l’ex-président égyptien Mohamed Morsi faisait déjà face, avec 14 autres responsables de son régime, à des accusations de complicité de meurtres dans la répression de manifestations de l’opposition, le 5 décembre 2012. Mais le parquet égyptien a annoncé, mercredi 18 décembre, qu’à ces charges s’ajouteraient désormais celle d’"espionnage au profit d’organisations étrangères [comme le Hamas ou des groupes jihadistes, NDLR] en vue de commettre des actions terroristes dans le pays".
Lors de son procès, qui doit reprendre le 8 janvier, Morsi comparaîtra avec 35 autres co-accusés, notamment des hauts cadres des Frères musulmans dont le Guide suprême, Mohamed Badie. On se souvient qu’en juillet, la justice avait interrogé l’ex-président sur les circonstances de son évasion, de la prison de Wadi Natroun (au Caire) avec d’autres islamistes, au début de 2011 pendant la révolution qui a destitué Hosni Moubarak.
"Divulgation de secrets d’État"
Il avait alors été accusé d’avoir bénéficié de l’aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais ou le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, en Palestine. Et certains de ses proches, dont son bras droit, Essam Haddad, sont également accusés de divulgation de secrets d’État aux Gardiens de la révolution, troupe d’élite iranienne.
Le Parquet accuse également les Frères musulmans d’"atteinte à l’intégrité territoriale", en clair d’être impliqués dans la multiplication des attaques depuis la destitution de Morsi, premier président égyptien démocratiquement élu, notamment dans le Nord-Sinaï. Pour l’accusation, ces attentats ont été menés pour favoriser "le retour du président destitué et replacer l’Égypte sous la coupe des Frères musulmans".
Pas de preuves
Plusieurs de ces attaques, qui ont tué des dizaines de policiers et de soldats, ont été revendiquées par des groupes disant s’inspirer d’Al-Qaïda et n’ayant pas de lien connu avec les Frères musulmans. "Il y a probablement eu des contacts entre ces mouvements et les Frères musulmans, quant à savoir s’il y a un fondement juridique à ces accusations, nous n’avons rien vu jusqu’alors qui prouve qu’elles sont crédibles", a affirmé Michael Hanna, spécialiste de l’Égypte au sein du groupe de réflexion Century.
Le ministère de l’Intérieur a quant à lui accusé les Frères musulmans, le Hamas et le Hezbollah d’avoir visé des postes de police et des prisons durant la révolte de 2011. Les avocats de Moubarak et de son ex-ministre de l’Intérieur, Habib al-Adly, ont porté les mêmes accusations lors de leur procès toujours en cours pour la mort de manifestants durant les 18 jours de contestation en janvier et février 2011.
(Avec AFP)
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