Présidentielle sud-africaine : Zuma peut-il survivre à la mort de Mandela ?
Les cérémonies en hommage à Nelson Mandela n’ont pas permis à Jacob Zuma de faire oublier son impopularité. Le président sud-africain ressort de cette séquence plus fragilisé que jamais et la question de sa candidature à la présidence lors des élections générales de 2014 commence à se poser.
C’était l’humiliation de trop. Mardi dernier, devant les caméras du monde entier, Jacob Zuma a essuyé les sifflets du FNB Stadium à chacune de ses apparitions sur l’écran géant (voir l’extrait vidéo ci-dessous). Alors qu’il s’agissait de célébrer la mémoire de Nelson Mandela, la population sud-africaine n’a fait aucun cadeau à son président.
Extrait du discours de Jacob Zuma, le 10 décembre au FNB Stadium.
Avant le décès de Nelson Mandela, Jacob Zuma traversait déjà une période compliquée : il est notamment accusé d’avoir détourné près de 250 millions de rands (20 millions d’euros) d’argent public pour l’agrandissement de son domaine de Nkandla, près de Durban.
La population se montre également très critique face à ses dernières mesures politiques jugées injustes, comme la mise en place d’un péage urbain autour de Johannesburg qui pourrait coûter jusqu’à 500 rands par mois (40 euros) aux usagers même les plus modestes. Et ce week-end, alors qu’un sondage du Sunday Times estimait que 51% des membres de l’ANC souhaitaient voir Zuma démissionner, c’est Thabo Mbeki qui a laissé entendre que son successeur pourrait, comme lui en 2008, jeter l’éponge.
Retrouver notre dossier sur Nelson Mandela, l’Africain du XXe siècle.
"Si le peuple le demande, alors il ne faut pas penser à soi même mais au pays. Démissionner serait alors la voie la plus honorable", a ainsi déclaré l’ancien président dans une interview accordée à Channel4News. Attaqué dans son propre camp, sifflé par son peuple, Zuma semble désormais bien seul à la tête de l’État. Mais il reste – pour le moment – le leader de l’ANC pour les élections générales de 2014.
"Cette question du leadership inquiète beaucoup l’ANC, mais Zuma impose une vraie omerta parmi les cadres du parti et personne n’ose encore parler d’une démission", estime de son côté Koffi Kouakou, professeur de science politique à l’université du Wits à Johannesburg.
"Il n’y a pas de cabale contre Zuma au sein de l’ANC. Rappelons tout de même qu’il a été réélu avec une large majorité (75% des voix) à la tête de l’ANC, lors du dernier congrès il y a un an", explique de son côté l’analyste politique Ralph Mathegka. Si sa démission de Zuma n’est pas encore l’ordre du jour, difficile cependant de ne pas chercher un successeur potentiel à Jacob Zuma dans ces moments troubles. Cyril Ramaphosa, son dauphin au sein du parti, a tout du favori désigné.
"Les mains sales"
Maître de cérémonie mardi au stade, mais aussi dimanche à Qunu pour les funérailles de Mandela, cet éternel second (il avait été battu au sein de l’ANC par Mbeki pour succéder à Mandela), a occupé le devant de la scène ces dix derniers jours.
>> À lire aussi : Obsèques de Nelson Mandela : Qunu, un village au centre du monde
255, concessionSi l’ANC ne devrait pas avoir de problèmes pour remporter les élections, l’an prochain, elle doit désormais s’assurer d’avoir choisi le bon leader. Il ne lui reste que quelques mois pour trancher.
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