Qunu en plein préparatifs pour les funérailles de Nelson Mandela
Dans le petit village rural de Qunu (sud), où Nelson Mandela a passé une partie de son enfance, l’heure est aux préparatifs des funérailles du héros de la lutte anti-apartheid. Une cérémonie funèbre qui sera marquée par les rites xhosas.
Nelson Mandela sera enterré dimanche 15 décembre dans le petit village de Qunu, dans la province du Cap-Oriental, où il a passé une partie de son enfance. Jeudi, des dizaines de soldats sont arrivés sur le site, dont l’accès est interdit à la presse. Derrière la clôture, des ouvriers s’affairaient pour monter une structure provisoire, blanche, toute en longueur, et avec un toit arrondi. Selon des responsables, ce chapiteau pourra accueillir 5 000 personnes.
Des membres de la famille de Nelson Mandela, dont sa fille aînée Makaziwe, sont arrivés dès mercredi, sous une importante escorte policière, dans ce village rural situé à un millier de kilomètres au sud de Johannesburg. Le héros de la lutte anti-apartheid s’y était fait construire une résidence à sa libération en 1990, après vingt-sept ans passés dans les prisons du régime ségrégationniste.
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D’importantes mesures de sécurité ont été mises en place avant les funérailles. L’aéroport le plus proche, situé dans la petite ville de Mthatha, est sous contrôle de l’armée et les vols commerciaux ont été suspendus. Des policiers ont également été déployés le long des 35 km de route entre Mthatha et Qunu et arrêtent fréquemment les véhicules pour les fouiller. Enfin, la portion de route la plus proche de la maison de Mandela a été fermée à la circulation dès la semaine dernière.
Un boeuf sacrifié
Dimanche, les funérailles de Nelson Mandela seront imprégnées par les rites xhosas, notamment le sacrifice d’un bœuf, la communication avec les ancêtres ou encore l’accompagnement de l’esprit du défunt. Après les dirigeants politiques du monde mardi, après les dizaines de milliers de Sud-Africains recueillis devant sa dépouille depuis mercredi, c’est le clan de Mandela, et plus particulièrement les anciens, qui joueront les premiers rôles d’une cérémonie en grande partie privée, malgré la présence d’officiels et de personnalités étrangères restées en Afrique du Sud.
"Des funérailles sont une cérémonie complexe qui demande notamment de communiquer avec les ancêtres et de permettre à l’esprit du défunt de reposer", a expliqué le chef Jonginyaniso Mtirara, du clan Thembu dont était issu Mandela. "Verser du sang animal constitue une part très importante du processus de l’enterrement", souligne-t-il. Aussi un bœuf sera sacrifié le matin de l’inhumation, sur la propriété de Mandela, sur les grasses et lumineuses collines du Transkei.
La cérémonie sera empreinte d’un retour vers le passé de Mandela, dans cette région où il passa son enfance, qu’il décrivit avec amour, et où il a dit par le passé qu’il viendrait reposer. Ainsi, les intervenants l’appelleront Dalibhunga ("le créateur, l’organisateur du dialogue"), reprenant le nom qui lui fut donné à son initiation rituelle, à 16 ans, marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte.
Les aînés du clan en charge
"Aaah! Dalibhunga", selon l’apostrophe consacrée, sera ainsi crié a trois reprises, lorsque sa dépouille arrivera dans sa propriété, et répété plusieurs fois lors de la cérémonie et des hommages. Themba Matanzima, porte-parole de la famille Mandela, a expliqué cette semaine qu’un aîné du clan aura la charge de communiquer avec l’esprit de Mandela pour l’informer des déplacements du corps, notamment le transfert de Pretoria samedi vers le Cap Oriental.
"Ce sera fait à son départ du Gauteng (province de Pretoria) pour Qunu, en accord avec notre coutume", a-t-il déclaré au Daily Dispatch, expliquant que l’esprit du défunt peut devenir inquiet si on ne l’informe pas des voyages. Toujours selon la coutume, ce sont des aînés du clan qui veilleront la dépouille dans la nuit de samedi à dimanche. Eux aussi qui prendront la parole autour de la tombe. D’autres rites seront pratiqués, mais le porte-parole a souligné qu’ils demeuraient privés.
Nelson Mandela reposera aux côtés de trois de ses enfants : une fille morte bébé en 1948, et deux fils, Thembekile, mort à 24 ans d’un accident de voiture en 1969, et Makgatho mort à 55 ans du sida en 2005. Ils avaient été exhumés en juillet au village natal de Mandela, à Mvezo (à 20 km) puis ré-enterrés à Qunu, à la suite d’une dispute familiale.
Le premier président noir d’Afrique du Sud est décédé il y a une semaine à l’âge de 95 ans, chez lui, à Johannesburg. Sa dépouille est exposée depuis mercredi au siège de la présidence à Pretoria où des milliers de Sud-Africains viennent lui faire leurs derniers adieux. Le corps sera transporté samedi à Mthatha avant les funérailles, prévues dimanche. Le gouvernement avait incité en début de semaine les chefs d’État et de gouvernement désireux de lui rendre hommage à assister à une cérémonie officielle à Soweto mardi, pour éviter l’engorgement de Qunu.
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