Steak-frites à 40 dollars, nuit d’hôtel à 250 : très très chère Luanda

La capitale angolaise figure régulièrement en tête des classements des villes les plus onéreuses du monde pour les expatriés. Et cette année Luanda a encore battu des records notamment en raison des prix de l’immobilier. Mais tout est cher dans cette capitale africaine et pour tous ses habitants, étrangers comme angolais.

Luanda est la capitale la plus cher au monde pour les expatriés, devant Tokyo et Moscou. © Reuters

Luanda est la capitale la plus cher au monde pour les expatriés, devant Tokyo et Moscou. © Reuters

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Publié le 11 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

15 000 dollars par mois la maison avec trois chambres, plus de 200 la paire de jeans et autour de 4 dollars le café. Ce sont quelques résultats obtenus par Luanda dans le dernier classement du cabinet de conseil Mercer (à consulter ici) sur les villes les plus chères du monde pour les expatriés. Cette année, comme en 2010 et en 2011, la capitale angolaise occupe la première place, devant Moscou, Tokyo et N’Djamena. "L’étude porte sur un certain type de produits, recherchés par les expatriés, et elle est très influencée par le haut niveau des prix de l’immobilier, souligne le directeur du quotidien économique Expansão, Carlos Rosado. Cela dit, il suffit d’aller au supermarché pour constater que même les articles de base sont ici deux à trois fois plus chers qu’en Europe."

Un rapide tour dans la ville permet de le confirmer. L’ananas se vend 5 dollars, le steak-frites est affiché à 40 et la nuit d’hôtel coûte 250 dollars minimum. Des tarifs qui refroidissent tous les visiteurs, y compris les bons connaisseurs de l’Afrique. Mais cette cherté de la vie pèse aussi sur le quotidien de tous les Luandais. Les entreprises doivent faire avec des taux d’intérêt prohibitifs, autour de 15 %. Les administrations se ruinent en frais de déplacement et de téléphonie. "Comme il n’y a pas assez de concurrence, les vendeurs font grimper les prix et c’est la population qui trinque", résume Aristide Vasco, un étudiant en biologie.

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Reconstruction à marche forcée

L’importante présence expatriée et l’économie angolaise du tout-pétrole expliquent en grande partie cette situation. Le pays, sorti dévasté d’une longue guerre civile, mène depuis une décennie une reconstruction à marche forcée, financée par sa manne pétrolière. Problème, cette croissance exponentielle, autour de 7 % actuellement, a des conséquences négatives : spéculation immobilière, inflation généralisée et corruption rampante. Mais ce n’est pas tout. "L’Angola a encore d’importants problèmes d’infrastructure, de logistique et d’alimentation en électricité, explique le professeur d’économie Salim Valimamade. Et, n’étant pas un pays producteur, il doit importer la grande majorité des produits qu’il consomme. Tout cela accroît drastiquement le niveau des prix."

N’étant pas un pays producteur, l’Angola doit importer la grande majorité des produits qu’il consomme.

Conscient du problème, le régime du président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 34 ans, est passé à l’offensive. Il a chargé la banque centrale angolaise de faire descendre l’inflation en dessous de la barre des 10 %. Il a lancé un vaste plan de diversification de l’économie pour créer une production locale. Il a enfin obligé les banques à améliorer l’accès au crédit pour les entreprises. "Nous commençons à voir les effets positifs de cette politique, se félicite José Severino, le patron des industriels angolais. Et les prix de l’immobilier semblent se calmer, ce qui me fait dire que Luanda ne sera sans doute plus en tête du classement l’an prochain."

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Mais cet optimisme est loin de faire l’unanimité. "Pour vivre correctement, il faut gagner au moins 2 000 dollars par mois, confie Miguel Armando, comptable dans une pizzeria. Or la majorité des personnes ont un salaire inférieur à 500 dollars mensuels…" Et cela quand elles travaillent. Car avec un taux de chômage d’au moins 30 % et une population en forte croissance, les sources de revenus sont de plus en plus rares. Alors chacun a son plan pour s’en sortir : cumul de plusieurs emplois, combines entre amis ou membres de la famille ou encore vente à la sauvette et autres trafics.
 

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