Centrafrique : les soldats français poursuivent le désarmement après la visite de Hollande
Les militaires français déployés en Centrafrique, qui ont perdu deux des leurs lundi soir, poursuivaient mercredi matin leurs opérations de désarmement des groupes armés à Bangui. La veille, ils avaient reçu un soutien appuyé du président François Hollande, qui a fait escale dans la capitale centrafricaine en rentrant d’Afrique du Sud.
Après avoir reçu la visite du président François Hollande mardi soir à Bangui, les militaires de l’opération Sangaris continuaient mercredi 11 décembre au matin leur mission de désarmement des groupes armés. Surveillant les mouvements dans la ville – placée sous couvre-feu de 18h00 (17h00 GMT) à 06h00 – grâce à leurs hélicoptères, les soldats français ont en outre la tâche d’éviter une généralisation des représailles contre les civils musulmans de la part d’une population chrétienne terrorisée pendant des mois par les combattants de l’ex-rébellion Séléka.
Lundi et mardi, dans certains quartiers, des pillages de commerces appartenant à des commerçants musulmans ont suivi des opérations de désarmement menées par les militaires français.
Lors d’une courte visite à Bangui, où il s’est recueilli devant la dépouille des deux jeunes soldats tués lundi soir, François Hollande a déclaré que la mission de la France en Centrafrique était "dangereuse" mais "nécessaire" pour éviter "un carnage". "Il était temps d’agir", a ajouté le président français venu d’Afrique du Sud, où il avait assisté le jour-même à la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela.
Voir la chronique de l’émission 28 Minutes d’Arte "Centrafrique : un piège pour les Français ?"
Des opérations de désarmement délicates
Dès son arrivée, François Hollande s’est recueilli devant les cercueils des deux soldats du 8e régiment parachutiste d’infanterie de marine de Castres (sud) à l’aéroport de la ville, où est basé l’essentiel du dispositif de l’opération française Sangaris, qui compte 1 600 hommes au total.
Les deux hommes ont été tués dans la nuit au cours d’un accrochage avec des assaillants non-identifiés dans un quartier proche de l’aéroport. Il s’agit des premières pertes françaises depuis le déclenchement de l’intervention française Sangaris, dans la foulée d’un feu vert de l’ONU jeudi.
Les soldats français ont pour mission de "rétablir la sécurité, protéger les populations et garantir l’accès de l’aide humanitaire" en République centrafricaine, pays livré au chaos et à une spirale infernale de violences inter-religieuses depuis la prise du pouvoir, en mars 2013, de la Séléka, une coalition hétéroclite de groupes rebelles à dominante musulmane.
La visite de François Hollande intervient au deuxième jour des délicates opérations de désarmement des milices et groupes armés qui sévissent à Bangui. La situation y reste très instable, avec des pillages et des tentatives de représailles contre les civils musulmans. Dans les faits, le désarmement vise en priorité les combattants de l’ex-rébellion Séléka, jusqu’à présent tout-puissants dans la capitale centrafricaine, où ils se sont rendus coupables de nombreuses exactions sur la population.
"Dynamique infernale"
Selon l’état-major français, la quasi-totalité des groupes armés ont été désarmés sans incident majeur et en moins de 24 heures, avec le soutien de la la force africaine (Misca). Frustrés d’avoir été désarmés et cantonnés dans leurs bases, beaucoup d’hommes de la Séléka sont de leur côté furieux d’avoir été privés par les Français de tout moyen de se défendre – avec leurs familles et leurs proches – face à la vindicte populaire.
Sangaris avait d’abord été présentée comme une intervention relativement rapide et à vocation essentiellement "humanitaire". Elle vise aujourd’hui, selon Paris, à désarmer tous les groupes armés, à ramener la stabilité dans un pays en totale décomposition à moyen terme et à organiser des élections libres.
Très peu d’informations arrivent par ailleurs des provinces, coupées du reste du pays, où beaucoup redoutent de découvrir de nombreux cadavres dans la brousse. "Nous sommes dans une dynamique infernale de représailles", avec le spectre d’un "match retour" des milices d’auto-défense villageoises (chrétiennes) et de nouvelles tueries de la Séléka dans leur retraite vers leurs bastions du nord, s’alarmait ainsi une source humanitaire.
(Avec AFP)
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