Centrafrique : François Hollande à Bangui au 5e jour de l’opération « Sangaris »
Le président français François Hollande est arrivé, mardi, en début de soirée à Bangui. Il devait se recueillir devant les corps des deux soldats français tués la nuit précédente, rencontrer les autorités religieuses ainsi que le président centrafricain de transition, Michel Djotodia, et le Premier ministre Nicolas Tiangaye.
Après avoir assisté aux obsèques de Nelson Mandela à Johannesburg, le président français François Hollande a atterri, mardi 10 décembre à 19h15, à l’aéroport de Bangui, où il devrait brièvement rencontrer les autorités de transition et les responsables religieux du pays. Il sera accompagné de Valérie Trierweiler, sa compagne, du chef de la diplomatie française Laurent Fabius et de Christiane Taubira, la garde des Sceaux. Le chef de l’État doit s’exprimer devant les troupes françaises, s’entretenir avec des officiers de la Fomac (force d’Afrique centrale) et des soldats avant leur départ en patrouille.
Officialisée mardi matin, cette visite était dans les tuyaux depuis quelques jours. Elle intervient au cinquième jour de l’opération "Sangaris". Lors de la guerre au Mali, François Hollande avait attendu trois semaines pour se rendre à Tombouctou puis Bamako, le 2 février.
Outre le président Michel Djotodia, François Hollande devait s’entretenir avec le Premier ministre Nicolas Tiangaye. Après avoir assisté au sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique, ce dernier devait regagner Bangui mardi par le vol d’Air France. La liaison de la compagnie française ayant été annulée au dernier moment, Tiangaye a finalement embarqué à bord d’un Falcon affrété par les autorités françaises sans que l’on sache s’il allait regagner la capitale centrafricaine à temps pour la visite de François Hollande.
Premières pertes
Ce déplacement intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu. Dans la nuit de lundi à mardi, deux soldats français âgés de 22 et 23 ans ont perdu la vie lors d’un accrochage. Membres de la première compagnie du 8e RPIMa, ils ont été visés par une rafale d’armes légères vers 23h30 à environ 1 km de l’aéroport.
Sans doute occupés à préparer l’arrivée de leur président, les forces françaises ont considérablement réduit leur présence dans Bangui ce mardi, permettant le retour des pick-up de la Séléka. Un accrochage a tout de même été signalé dans le quartier de Miskine, non loin de l’aéroport.
Le temps de la Françafrique est terminé, voilà une des fiertés de la politique de la France.
Jean-Marc Ayrault, Premier ministre français
Dans le même temps, la tension entre communauté musulmane et chrétienne est toujours aussi forte. Mardi, des commerces détenus par des musulmans peuls ont été pillés. De nombreuses exactions ont été signalées. La mosquée du quartier de Fouh, dans le 4e arrondissement, a été pillée et partiellement brulée.
En France, l’intervention Sangaris a été débattue à l’Assemblée nationale. "Le Président de la République l’a dit très clairement : notre intervention sera rapide, elle n’a pas vocation à durer", a déclaré le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
"Non, la France n’agit pas en gendarme de l’Afrique. Elle assume tout simplement ses responsabilités internationales. Elle répond à l’appel de ses partenaires africains et fait face à l’urgence absolue de prévenir une spirale de massacres", a-t-il poursuivi, répondant aux réserves émises par l’opposition. "Le temps de la Françafrique est terminé, voilà une des fiertés de la politique de la France", a-t-il lancé, provoquant des huées dans l’hémicycle.
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Par Vincent Duhem
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