Climat : les conditions d’une coalition entre l’Afrique et la France

L’heure est grave. La crise climatique s’accélère, le réchauffement climatique affecte nos ressources agricoles, halieutiques, hydriques, freine notre développement et coûte de plus en plus cher à nos économies et nos populations.

Seyni Nafo et Tosi Mpanu-Mpanu. © DR

Seyni Nafo et Tosi Mpanu-Mpanu. © DR

Publié le 9 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Seyni Nafo est le porte-parole du Groupe africain (négociations climat aux Nations unies) et Tosi Mpanu-Mpanu est l’ancien président du Groupe africain (2010-2012).

L’heure est grave. La crise climatique s’accélère, le réchauffement climatique affecte nos ressources agricoles, halieutiques, hydriques, freine notre développement et coûte de plus en plus cher à nos économies et nos populations. Au même moment, les États responsables tournent le dos aux victimes du changement climatiques et leur inaction place la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3 à 4°C d’ici 2 100. Le continent africain ne peut pas se permettre d’en arriver là.

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L’heure doit être à l’action. Les chefs d’État qui étaient rassemblés à Paris pour le Sommet de l’Élysée 2013 doivent poser les fondations d’une coalition solide et solidaire entre la France et l’Afrique et ainsi, créer les conditions d’un accord mondial sur le climat, à Paris, fin 2015. Nous sommes convaincus que l’Afrique et la France partagent déjà une vision commune : celle d’un accord qui permettra de stabiliser le réchauffement climatique bien en-deçà de 2°C ; celle d’un accord qui transforme le "fardeau" de la lutte contre les changements climatiques en solutions et bénéfices pour un monde plus juste ; celle d’un accord qui permet de financer l’adaptation de nos pays aux impacts quotidiens du changement climatique.

Nous sommes inquiets du faible niveau d’ambition européen.

Cependant, une coalition ne pourra vivre de principes partagés et de belles déclarations. Elle devra déployer et démontrer les bénéfices de l’action contre la crise climatique. Elle devra exiger l’exemplarité de la France en matière d’ambition climatique et son leadership au sein de l’Union européenne. C’est l’Europe qui doit placer la barre haute pour les autres pays, notamment lors du sommet des chefs d’État européens de mars 2014. Mais nous sommes inquiets du faible niveau d’ambition européen, il est impératif que François Hollande relève la barre dès maintenant en défendant un objectif européen de réduction de GES d’au moins 55% pour 2030, assorti d’objectifs ambitieux pour le déploiement des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique. En 2014 toujours, nous comptons sur la France et l’Europe pour démultiplier les initiatives pour investir et développer les énergies renouvelables au sud et améliorer l’accès à l’énergie propre pour tous. Ainsi, la France et l’Europe démontreront que la crise climatique n’est plus un fardeau pour nos économies et que l’ambition est compatible avec la croissance.

Pour exister, cette coalition devra également répondre à un enjeu fondamental pour l’ensemble de nos pays en Afrique : le financement de l’adaptation aux impacts du changement climatique qui se révèlent de plus en plus violents et de plus en plus fréquents. Nos pays ont besoin de financements publics additionnels et prévisibles pour planifier et financer l’adaptation des pratiques agricoles, la construction des digues pour protéger les zones côtières, et une meilleure gestion des ressources en eau. Cette fois-ci encore, nous interpellons la France – en tant que partenaire du développement de nos pays, et en tant que présidente du sommet Paris Climat 2015 – pour défendre la mobilisation de financements publics additionnels. La taxe française sur les transactions financières représente un premier pas dans cette direction mais c’est une grande taxe européenne sur les transactions financières qui permettrait d’abonder le Fonds Vert pour le Climat en 2014. François Hollande doit en faire une priorité politique d’ici au sommet Paris Climat 2015 – il en va de la crédibilité et de la légitimité de l’accord.
 
C’est sur ces principes élémentaires que la France et l’Afrique peuvent et doivent construire une coalition solide et ambitieuse, capable de rallier toute la communauté internationale, capable d’adopter un pacte mondial sur le climat en 2015. L’heure est à l’urgence, à l’action, au leadership et à l’exemplarité.

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