Tunisie : quatre mois de prison ferme pour le rappeur Weld El 15

Le rappeur tunisien Weld El 15 a été condamné jeudi à quatre mois de prison ferme pour atteinte aux bonnes moeurs et outrage à des fonctionnaires dans ses chansons. Il a été arrêté, le jugement prévoyant une « exécution immédiate » de la sentence.

Le rappeur tunisien Weld El 15 au tribunal de Hammamet, le 5 décembre 2013. © AFP

Le rappeur tunisien Weld El 15 au tribunal de Hammamet, le 5 décembre 2013. © AFP

Publié le 5 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Le rappeur tunisien Weld El 15, de son vrai nom Ala Yacoubi, a été condamné jeudi 5 décembre à quatre mois de prison ferme, après avoir été jugé coupable d’atteinte aux bonnes moeurs et d’outrage à des fonctionnaires dans ses chansons. Le chanteur a été immédiatement arrêté, le jugement prévoyant "l’exécution immédiate" de la sentence. "Je vais immédiatement faire appel", a indiqué Me Ghazi Mrabet, l’avocat du jeune homme. "J’ai des craintes pour l’intégrité physique de Weld El 15 en prison", a-t-il ajouté.

L’audience s’est déroulée au tribunal cantonal de Hammamet, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, où le rappeur de même que le chanteur Klay BBJ avaient été condamnés par contumace à 21 mois de prison en août pour les mêmes faits, à l’issue d’un procès auquel ils n’avaient pas été convoqués. Klay BBJ a depuis été rejugé deux fois pour être finalement relaxé en octobre, alors que Weld El 15 était en cavale depuis sa condamnation jusqu’à ce jeudi.

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Concert à Hammamet

La police et le ministère public accusaient les deux hommes d’avoir chanté des textes insultants pour les autorités et d’avoir adressé des gestes obscènes aux policiers pendant un concert à Hammamet durant l’été. Les deux chanteurs ont rejeté ces accusations lors des différents procès. Quatre témoins sont venus confirmer leur version des faits devant le juge jeudi.

"Le public m’a réclamé une chanson posant problème, j’ai refusé en signe de conciliation avec les policiers mais un grand nombre de policiers est monté sur scène et ils m’ont agressé", a expliqué jeudi devant le juge Weld El 15, qui avait à l’époque fait établir un certificat médical attestant de blessures légères infligées lors de son interpellation musclée.

"La révolution a eu lieu au nom de la liberté d’expression"

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Le parquet ne réquérant pas en Tunisie, le contenu des éléments à charge remis au juge n’a pas été révélé publiquement. Selon la défense, le dossier de l’accusation est "vide" et s’appuie sur les témoignages de deux policiers. Or le rappeur entretient des relations très tendues avec les forces de l’ordre. Il avait été condamné cette année à deux ans de prison pour sa chanson "les policiers sont des chiens", peine réduite en appel en juin à six mois avec sursis.

Dès lors, avant même l’audience, Me Mrabet avait reconnu "ne pas être optimiste", tout comme le chanteur. "Je m’attends à tout, j’espère que la Tunisie a une justice et non une injustice. La révolution a eu lieu au nom de la liberté d’expression", a dit Weld El 15 avant le procès.

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Près de trois ans après la révolution, la police, la justice et le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahdha sont régulièrement accusés de chercher à juguler la liberté d’expression acquise après la révolution alors qu’aucune réforme de fond du système judiciaire et des forces de l’ordre n’a été entreprise.

(Avec AFP)

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