Centrafrique : affrontements à Bangui, résolution de l’ONU imminente
Quarante-huit heures après le « massacre » à la machette perpétré contre des civils peuls au nord de Bangui, des tirs à l’arme lourde ont été entendus jeudi matin dans la capitale centrafricaine. Une recrudescence des violences qui coïncide avec le vote annoncé au Conseil de sécurité de la résolution qui permettra une intervention militaire internationale en Centrafrique.
Mis à jour à 09h38.
C’est dans le nord de Bangui, dans la zone du PK-12, que des tirs d’armes automatiques et des détonations plus fortes, dont l’origine est encore inconnue, ont été d’abord entendus, jeudi 5 décembre vers 5 heures 30 (heure locale, 4 heures 30 TU), avant d’atteindre d’autres quartiers de la capitale centrafricaine, non loin du centre-ville, dans la zone du fleuve.
Les rues de la ville restaient désertes à 6 heures du matin, heure de levée du couvre-feu. Des détonations se faisaient toujours entendre vers 8h30, mais moins intenses. Ce regain de violence intervient deux jours après le massacre à la machette, dans la nuit du lundi au mardi, d’une douzaine de personnes d’origine peule près de Boali, à 95 km de Bangui, par une milice d’autodéfense villageoise. Une source militaire sur place a précisé que les victimes étaient toutes des "mbororos", membres de la minorité peule (essentiellement musulmane), et les assaillants des anti-balaka ("anti-machettes", milices d’autodéfense chrétiennes).
"Il s’agit d’actes horribles, odieux", a dénoncé, mercredi sur France 24, Nicolas Tiangaye, le Premier ministre centrafricain. "Le gouvernement condamne toutes les violences d’où qu’elles viennent, qu’elles soient commises par les ex-Séléka [rebelles qui ont porté l’actuel président Michel Djotodia au pouvoir, NDRL] ou par les anti-balaka", a-t-il ajouté.
Engrenage infernal
Pour mettre un terme à cet engrenage infernal de violences qui menace de plonger le pays dans une guerre civile et affecte déjà une grande partie des 4,6 millions de Centrafricains, le Conseil de sécurité de l’ONU doit adopter jeudi à 16 heures (françaises) un projet de résolution de la France – ancienne puissance coloniale – autorisant le recours à la force, ont indiqué mardi soir des diplomates à l’ONU.
Les gens sont en train de mourir. On se tue. Il ne faut plus attendre. On ne peut plus attendre…
À l’approche du vote de cette résolution, la tension est donc montée à Bangui et dans ses environs. À Damara, à 80 km à l’est de la capitale centrafricaine, les 30 000 habitants ont déserté la ville ces derniers jours, terrorisés, eux, par des "Séléka", intégrés pour certains dans les nouvelles forces de sécurité centrafricaines par le président par intérim Michel Djotodia. Partout dans le pays, les mêmes appels montent, résumés mercredi par une requête sur un ton de supplique d’un haut cadre de l’administration hospitalière : "Les gens sont en train de mourir. On se tue. Il ne faut plus attendre. On ne peut plus attendre".
>> Lire aussi : Centrafrique : silence, on tue
La résolution, qui sera adoptée jeudi, autorise la force africaine (Misca) sur place, qui est en cours de renforcement, à se déployer "pour une période de douze mois" afin de "protéger les civils et de rétablir l’ordre et la sécurité par les moyens appropriés". Elle autorise aussi les forces françaises en Centrafrique à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l’exercice de son mandat".
Enfin, elle prévoit également la création d’une commission d’enquête sur les droits de l’homme, un embargo sur les armes et la menace de sanctions contre les responsables d’exactions. Son adoption donnera le feu vert à une intervention militaire française, désormais imminente. Quelque 600 soldats français sont déjà présents à Bangui, où depuis 2002 ils tiennent l’aéroport et sont prêts à évacuer si nécessaire les ressortissants européens.
Selon l’ambassadeur français au Nations unies, le contingent français en Centrafrique sera chargé non seulement de rétablir l’ordre dans Bangui, mais aussi de "sécuriser les axes routiers pour permettre un accès humanitaire".
(Avec AFP)
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