Mohamed Raouraoua : « Vahid Halilhodzic sera le sélectionneur de l’Algérie à la Coupe du monde »
Après le match de barrage pour la Coupe du monde 2014 contre le Burkina Faso (1-0, le 19 novembre), Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football, a tenu parole : il revient pour « Jeune Afrique » sur l’avenir de Vahid Halilhodzic, l’actualité de la sélection nationale et sur le football algérien en général.
Jeune Afrique : Vahid Halilhodzic sera-t-il sélectionneur de l’Algérie lors de la Coupe du monde 2014 ?
Mohamed Raouraoua : Oui, il le sera. Son contrat va jusqu’à la fin du Mondial, et nous voulons qu’il reste. Vahid avait été profondément marqué par son limogeage en Côte d’Ivoire avant la Coupe du Monde 2010 alors qu’il avait qualifié son équipe. Quand nous avons souhaité le faire venir en 2011, il avait fallu le convaincre de la solidité de notre projet et le persuader que l’Afrique était un continent crédible, alors qu’il avait des réticences légitimes au vu de sa mésaventure.
Existe-t-il une possibilité que son bail soit prolongé ?
Nous l’envisageons vraiment, notamment pour poursuivre notre collaboration au moins jusqu’à la CAN 2015 au Maroc. Mais rien n’est encore décidé. Nous en reparlerons avec lui, lors du voyage que nous effectuons au Brésil du 3 au 8 décembre, où nous allons assister au tirage au sort de la phase finale de la Coupe du monde et choisir un camp de base pour l’équipe nationale.
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Vahid est arrivé en Algérie en juillet 2011. Quel bilan faites-vous de son action ?
Elle est globalement positive. Quand il est arrivé, les qualifications pour la CAN 2012 avaient débuté et l’Algérie était en difficulté. Malgré un redressement, l’équipe n’a pu se qualifier, mais, l’année suivante Vahid a hissé la sélection à la phase finale de la CAN. Malheureusement, elle a été éliminée au premier tour après avoir été victime, lors de deux matches, d’un mauvais arbitrage.
Mais l’objectif principal restait la qualification à la Coupe du monde 2014 et il y est parvenu, en faisant notamment appel à des jeunes joueurs sans expérience internationale. C’est un pari réussi.
L’objectif principal restait la qualification à la Coupe du monde 2014 et il y est parvenu (…) C’est un pari réussi.
Une partie de la presse algérienne l’a beaucoup critiqué. Les relations entre les journalistes et le Bosnien sont-elles à ce point conflictuelles ?
D’abord, nous avions l’impression que tout le travail effectué par Vahid depuis plus de deux ans allait se jouer à quitte ou double sur ce véritable match contre le Burkina Faso. Vous savez, le football est en Algérie une véritable religion. Il y a presque autant de sélectionneurs que d’habitants.
Vidéo du but algérien de Madjid Bougherra contre le Burkina, le 19 novembre.
Il faut également prendre en compte les innombrables sollicitations des médias qui aimeraient interviewer le sélectionneur, lequel ne peut pas répondre à tout le monde. Il y a donc des insatisfactions. Mais je ne pense pas que les relations soient si mauvaises.
Le football algérien a entamé sa quatrième saison professionnelle. Quel bilan pouvez-vous établir ?
J’avais dit à l’époque, qu’il faudrait au moins cinq ans pour arriver à notre objectif. Aujourd’hui, tout ne va pas dans le sens que j’espérais, mais, Il y a eu des avancées. Je peux vous citer par exemple, la création d’une Ligue de football professionnel, d’une Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), dont le rôle est de veiller sur les finances des clubs, et aussi de les assister. Le calendrier sportif est bien organisé et respecté. Le montant des droits télé a été quasiment doublé. Une Chambre de résolution des litiges, pour protéger les intérêts des joueurs et des entraîneurs, existe. Et la solvabilité des clubs à l’égard des joueurs s’est améliorée.
L’État, de son côté, aide toujours le football, tandis que les sociétés économiques, publiques ou privées, investissent dans les capitaux des clubs. Mais il faudra encore du temps pour faire évoluer les mentalités et changer les habitudes acquises pour sortir définitivement de l’amateurisme.
Le football algérien est un grand consommateur d’entraîneurs. Regrettez-vous le manque de patience des dirigeants ?
Oui, je le regrette profondément, car il est dommage de se séparer d’un entraîneur au bout de trois matchs. Je condamne cette forme de gestion des ressources humaines. En réalité, trop de présidents cèdent à la pression de la rue et c’est une réalité que la Chambre de la résolution des litiges va prendre en considération. À l’avenir, si un club décide de limoger un technicien, il devra lui payer l’intégralité de son contrat. Cela fera peut-être réfléchir et poussera les clubs à assumer leurs choix.
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Propos recueillis par Alexis Billebault
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