Sommet de l’Élysée : il faut créer un fonds spécial pour la sécurité en Afrique

Emmanuel Golou est député à l’Assemblée nationale béninoise et président du Parti Social Démocrate du Bénin. Il préside depuis mars 2013 le Comité Afrique de l’Internationale socialiste.

Publié le 3 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

L’intervention de l’Armée française dans la guerre contre le terrorisme au Nord-Mali n’a pas fini d’alimenter les polémiques. Entre ceux qui se fondent sur l’idéal d’une défense assurée par les africains et d’autres qui font preuve d’un réalisme béat, il y a une réalité : l’impuissance des armées africaines. Alors que des groupes armés semaient la terreur dans les villes du Nord-Mali, les interminables réunions des états-majors des pays de l’Afrique de l’Ouest ne décidaient d’aucune expédition rapide sur le terrain. La volonté s’est limitée à des déclarations de bonnes intentions. Le manque de ressources financières et l’impréparation ont bloqué un déploiement des forces africaines sur le terrain.

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Le 27 mai dernier au cours de la célébration du cinquantenaire de l’Union africaine à Addis-Abeba, les chefs d’États ont annoncé la création d’une Force d’intervention rapide qui fera face aux conflits face dans les pays africains. À en croire les déclarations des différents experts et autorités africains, cette force d’intervention rapide serait temporaire, en attendant la mise en place de la Force africaine en attente (FAA), un projet dévoilé depuis une dizaine d’années.

Face à l’urgence de lutter contre le terrorisme, la piraterie, et de rétablir une situation de sécurité dans plusieurs pays du continent comme le Mali, la Centrafrique, la République Démocratique du Congo,  la Somalie… la force d’intervention rapide permettrait à l’Afrique de prendre ses responsabilités.

Les leçons tirées des atermoiements d’une défense commune africaine mettent en évidence le manque de ressources financières, de logistiques et de volonté politique. Au cours de récentes réunions des dirigeants du continent, la volonté politique a été clairement exprimée. La pression de l’opinion publique oblige également les décideurs à adopter le cap de la responsabilité dans les domaines de la défense militaire et de la sécurité des pays africains.

L’effort collectif face la crise sécuritaire

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Au plan sécuritaire, les pays africains ont un destin commun. Le financement de la force d’intervention rapide et de la Force africaine en attente (FAA) doit résulter d’un effort collectif proportionnel aux ressources de chaque État. Mettre en place un Fonds spécial pour la sécurité en Afrique (FSSA) est un moyen de créer une plateforme de financement des initiatives de renforcement de sécurité. Les premiers contributeurs de ce fonds seront les États africains et institutions commerciales installées en Afrique. Les Institutions internationales seront sollicitées de même que les partenaires bilatéraux. La création d’une taxe dans les États est une piste qui peut être envisagée pour renflouer le fonds.

L’Afrique doit reprendre le leadership dans la résolution des problèmes liés à l’insécurité sur le contient.

Dans un contexte de crise financière, l’idée de la création d’une taxe nationale pour la sécurité commune peut paraître comme un effort de plus demandé aux contribuables. Mais il est à noter que les conséquences d’une situation d’insécurité sont incalculables. L’économie réelle, l’apaisement politique, la démocratie…ne sauraient connaître l’essor espéré sans un contexte de sécurité rassurant.

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Le Sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité qui se tiendra à Paris les 6 et 7 décembre 2013 devrait être l’occasion pour l’Afrique de réaffirmer sa volonté de se donner elle-même les moyens de sa défense. En clair, l’Afrique doit reprendre le leadership dans la résolution des problèmes liés à l’insécurité sur le contient. Cet engagement  trouvera tout son sens dans le cadre d’une coopération internationale. La sécurité étant une préoccupation planétaire.

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Par Emmanuel Golou, député à l’Assemblée nationale béninoise et président du Parti Social Démocrate du Bénin. Il préside depuis mars 2013 le Comité Afrique de l’Internationale socialiste. À la veille du Sommet Afrique-France pour la paix et la sécurité prévu à Paris les 6 et 7 décembre, il propose la mise ne place d’un fonds continental dévolu à la sécurité.

 

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