Libye : trois soldats tués lors d’affrontements entre armée et jihadistes à Benghazi

La situation sécuritaire continue de se dégrader en Libye. Trois soldats ont été tués et trois autres blessés, jeudi 28 novembre, dans des affrontements entre l’armée et le groupe salafo-jihadiste Ansar al-Charia à Benghazi, théâtre de plusieurs attaques et heurts sanglants ces derniers jours.

La ville de Cyrénaïque est actuellement en proie à une vague de violences ciblant les militaires et les forces de sécurité. Les habitants y poursuivaient jeudi leur troisième jour consécutif de grève pour demander le départ des groupes armés. Lundi, des affrontements entre l’armée et Ansar al-Charia avaient fait sept morts et une cinquantaine de blessés.

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"Tournant dangereux"

Le commandant des forces spéciales de l’armée à Benghazi, Wanis Aboukhamada, a indiqué que quatre personnes en possession d’explosifs avaient été arrêtées jeudi à l’entrée est de la ville. "Durant leur transfert vers le centre-ville, les forces de sécurité ont été attaquées par le groupe d’Ansar al-Charia", a-t-il dit dans une déclaration diffusée par des chaînes de télévision libyennes. Wanis Aboukhamada a confirmé le bilan de trois morts et de trois blessés, affirmant que les affrontements entre l’armée et les islamistes armés se sont étendus par la suite à d’autres quartiers de la ville. Le gradé a prévenu que les violences à Benghazi constituaient un "tournant dangereux", appelant le gouvernement et le Congrès général national (CGN, Parlement) "à assumer leurs responsabilités".

Un soldat libyen avait déjà été tué par balles dans la matinée à Benghazi. Selon des témoins, des hommes armés ont tiré sur un véhicule particulier où se trouvaient deux soldats, tuant l’un d’eux tandis que le second est sorti indemne. Trois soldats de l’armée libyenne avaient également été tués mercredi lors d’attaques séparées, tandis que les corps de deux autres militaires avaient été découverts mardi à Derna, plus à l’est.

Explosion d’un dépôt de munitions

Experts libyens et étrangers attribuent régulièrement les attaques menées dans l’est libyen à des groupes islamistes, dont Ansar al-Charia. Pourtant, selon ces experts, les autorités n’osent pas accuser directement ces groupes lourdement armés par crainte de représailles. Récemment, Ansar al-Charia a indiqué dans un communiqué qu’il ne reconnaissait pas les institutions de l’État ni ses services de sécurité, les qualifiant d’apostat et de "Taghout" (forces maléfiques au service de la tyrannie).

Par ailleurs, dans le sud du pays, relativement épargné jusqu’ici par les violences, "au moins dix personnes ont été tuées et quinze autres blessées après l’explosion d’un dépôt d’armes et de munitions à Brak al-Chati", à 650 km au sud de Tripoli, a indiqué le gouverneur militaire de la région sud, le général Mohamed al-Dhahbi. "Un groupe d’inconnus a tenté d’attaquer le dépôt, provoquant cet incident regrettable", a-t-il ajouté.

Il n’était pas possible dans l’immédiat de vérifier ce bilan provisoire de source médicale. La télévision nationale a fait état de "morts et de blessés" sans préciser le nombre. Elle a indiqué qu’un "groupe de civils" avait pris d’assaut le dépôt dans le but de dérober le cuivre qui se trouve dans les munitions, provoquant une série d’explosions. Selon la télévision, qui cite un des blessés, des migrants africains figuraient parmi les assaillants. Les dépôts d’armes et les casernes de l’armée sont régulièrement attaqués et pillés dans cette région désertique.

(Avec AFP)