Grèves en Tunisie : heurts entre manifestants et policiers à Siliana et à Gafsa

À Siliana, à 150 km au sud-ouest de Tunis, et à Gasfa, deux grèves ont dégénéré mercredi. Ces violences viennent accentuer le contexte de grave crise politique en Tunisie.

Des manifestants devant le siège d’Ennahdha à Gafsa, le 27 novembre. © AFP

Des manifestants devant le siège d’Ennahdha à Gafsa, le 27 novembre. © AFP

Publié le 28 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Les régions ouvrières de Siliana, Gafsa et Gabès, toutes trois en grève générale, ont été le théâtre de heurts entre manifestants et policiers pendant la journée du mercredi 27 novembre. À Siliana, plusieurs dizaines de protestataires, des jeunes majoritairement, ont lancé des pierres sur la police, qui a répliqué par des tirs de lacrymogènes. Des blessés légers, notamment des policiers souffrant de coupures, ont été soignés à l’hôpital.

Sur l’axe principal de cette ville située à 150 km au sud-ouest de Tunis, des barrages de pneus en feu et de ferraille ont été dressés par les manifestants et les rues étaient jonchées de projectiles. En soirée, des affrontements sporadiques avaient encore lieu.

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La ville de Gasfa, située au centre du pays, a elle aussi été en proie à des heurts entre policiers et manifestants qui ont dans un premier temps tenté d’envahir le siège du gouverneur, avant de prendre d’assaut et d’incendier partiellement le siège d’Ennahdha, parti au pouvoir.

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Sur place, le représentant du parti Ennahda a dénoncé l’inaction de la police. "Nous avons appelé la police et ils ne sont pas venus", a accusé Mohsen Soudani à la radio Shems FM, ajoutant: "j’ai dit aux enfants d’Ennahdha de la région de ne pas riposter".

En début de soirée, le gouvernement n’avait pas encore réagit.

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Le gouvernement dans la ligne de mire

Trois régions tunisiennes – Siliana, Gafsa et Gabès (ouest) – étaient paralysées mercredi par des grèves contre divers mesures des autorités.

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À Siliana, il s’agissait de marquer le 1er anniversaire de la répression d’un mouvement social qui avait fait en trois jours, il y a un an, quelque 300 blessés.

Le syndicat UGTT, organisateur de la grève, reproche au pouvoir de ne pas avoir pris en charge les blessés ni investi dans le développement économique régional comme il l’avait promis à l’époque. "Le gouvernement n’a pas tenu ses engagements contenus dans la convention de décembre 2012 qui prévoit qu’il s’occupera des soins des blessés et de leurs besoins matériels et physiques", a expliqué, avant les heurts, le secrétaire général adjoint de l’union régionale de l’UGTT, Ahmed Chefaï.

À Gafsa et Gabès, les grèves ont été décidées pour protester contre la décision de ne pas inclure ces régions à la liste de celles où des centres hospitaliers universitaires seront bâtis dans les prochaines années. Un edécision qui a été interprétée par les organisateurs comme la preuve que le gouvernement ne lutte pas contre les disparités de développement entre les régions, un des facteurs qui a conduit à la révolution de 2011.

Impasse politique

À Gafsa, les heurts sont fréquents et les locaux d’Ennahdha n’en sont pas à leur première attaque.

Cette région est stratégique en raison de ses mines de phosphates mais reste parmi les plus pauvres du pays. Depuis la révolution, la production minière y est à 30% de ses capacités en raison des nombreux mouvements sociaux et malgré l’embauche de milliers de personnes pour tenter de juguler la grogne.

Les grèves et débrayages se sont multipliés ces dernières semaines alors que l’économie peine à redémarrer, faute d’une croissance suffisante pour réduire le chômage et la misère de manière significative.

Ce contexte économique et social difficile est aggravé par une crise politique qui paralyse les institutions depuis fin juillet après l’assassinat d’un opposant attribué à la mouvance jihadiste. "La classe moyenne s’effrite, la pauvreté augmente et le blocage politique a entraîné cette situation de recours excessif à la grève", résume l’économiste indépendant, Ezzedine Saïdane.

Alors que le gouvernement s’était engagé fin octobre à démissionner pour sortir le pays de l’impasse dans lequel il se trouve, il est toujours en place, islamistes et opposants ne parvenant pas à s’entendre sur le nom d’un Premier ministre indépendant.

(Avec l’AFP)

 

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