Le « début de la fin du sida » en Afrique ?
C’est en Afrique que les progrès de la lutte contre l’épidémie du sida sont les plus marqués. L’an dernier, le nombre de nouveaux patients sous antirétroviraux y a atteint un niveau record et le nombre de nouvelles infections n’y a jamais été aussi bas.
Du côté des acteurs de la lutte contre le sida, le constat est unanime : le continent serait à un tournant en matière de lutte contre l’épidémie. Une thèse que relaie la deuxième édition du rapport de l’ONG française One sur le "Suivi des engagements mondiaux dans la lutte contre le sida", dévoilé le 26 novembre. D’après ce document, seize pays d’Afrique subsaharienne ont déjà atteint le "début de la fin du sida", ce tournant où le nombre de personnes nouvellement sous traitement dépasse celui des nouveaux contaminés (voir la cartographie ci-dessous). Selon l’Onusida, fin 2012, quelque 9,7 millions de personnes dans les pays à revenus faibles et intermédiaire avaient accès aux antirétroviraux (ARV). Cette augmentation de 20 % en un an s’explique entre autres par une meilleure gestion des subventions au Nigeria et au Malawi et par l’élargissement remarquable de la couverture en ARV au Zimbabwe.
Le point de bascule est atteint quand le chiffre des nouvelles contaminations est inférieure à celui des patients traités. © One.
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En parallèle, les programmes visant à réduire la transmission mère-enfant ont continué à s’étendre : au premier semestre 2013, le nombre de femmes enceintes traitées a progressé de 21 % par rapport à 2012. Des avancées que devrait conforter le lancement mi-septembre par Unitaid du programme de "test de charge virale" visant à mesurer l’efficacité des ARV administrés, qui concernera dans un premier temps plusieurs dizaines de milliers de personnes en Côte d’Ivoire, au Burundi, au Cameroun et en Guinée.
Au sud du Sahara, les progrès sont particulièrement criants au Ghana, au Malawi et en Zambie grâce à un budget national de santé conséquent, un volontarisme politique affirmé et à l’affectation des fonds à des programmes clairement définis. À l’inverse, le Nigeria, le Cameroun et le Togo font figure de mauvais élèves en matière de prévention faute de systèmes de prise en charge efficace et d’engagements financiers suffisants.
À l’image du Cameroun, nombre de pays affichent des politiques discriminatoires envers les populations les plus exposées, au premier rang desquelles les homosexuels. Une entrave à la lutte contre le VIH qui affecte également l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, où le nombre de nouvelles infections a doublé depuis 2001, de même que le nombre de décès dus au sida.
Le défi du financement
Pour la première fois, les dépenses nationales pour la lutte contre le VIH sont supérieures aux financements des donateurs : l’an dernier, elles représentaient 53 % des ressources mondiales consacrées à cette maladie. "C’est un signal positif, mais qui indique que la cause ne mobilise plus autant les bailleurs internationaux", déplore Friederike Röder, directrice France de One. L’an dernier, les ressources mondiales étaient estimées à 18,9 milliards de dollars, alors que les besoins annuels d’ici à 2015 sont estimés à 22-24 milliards pour atteindre les Objectifs millénaires du développement.
Le 3 décembre, la conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial s’avérera décisive, alors que l’objectif pour pouvoir mener à bien ses programmes a été fixé à 15 milliards de dollars sur trois ans. Si rien n’indique que l’objectif sera atteint, l’institution se veut confiante. "Il est inhabituel d’avoir autant d’engagements à l’avance, et nombre de pays africains se sont engagés à contribuer. Le but est d’obtenir le maximum de promesses et de trouver de nouveaux donateurs dans les trois prochaines années, souligne Mark Dybul, son directeur exécutif. En cas d’échec de la mobilisation, l’opportunité historique de vaincre ce fléau sera perdue. Nous avons le choix d’investir maintenant ou de payer à tout jamais."
L’Afrique sur la bonne voie
En Afrique subsaharienne, le nombre de nouvelles infections annuelles est passé de 2,6 millions en 2001 à 1,6 million en 2012. Dans l’intervalle, le nombre de patients mis sous traitement a bondi de 50 000 en 2002 à 7,5 millions en 2012 (source = Onusida).
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