Afrique du Sud : « Shanty town », l’expérience « bidon » du bidonville… pour 80 euros la nuit
On n’arrête pas le progrès. Depuis début 2013, un hôtel sud-africain propose à ses clients de passer la nuit dans une cabane de tôles ondulées, éclairée à la bougie. Pour la modique somme de 80 euros, soit le salaire mensuel médian d’un travailleur domestique dans le pays, les touristes en « mal » de pauvreté font donc l’expérience du bidonville aseptisé, « équipé de chauffage au sol et d’un accès wifi ». Tout de même.
![Le Shanty Town, où comment faire de l’argent avec le voyeurisme de la pauvreté aseptisée. © DR](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/11/27/027112013104307000000shanty6big_1260.jpg)
Le Shanty Town, où comment faire de l’argent avec le voyeurisme de la pauvreté aseptisée. © DR
Que diriez-vous de payer (cher) pour devenir (fictivement) pauvre ? C’est en substance ce que propose l’Emoya Hôtel de Bloemfontein, en plein centre de l’Afrique du Sud. L’établissement offre ainsi à ses clients la possibilité de vivre une expérience "bidon" de bidonville, le "Shanty Town", pour 80 euros la nuit, "comme des millions de Sud-africains habitant des logements précaires", signale France 24.
Photo publiée par l’hôtel sur sa page Facebook
Présenté par la chaîne hôtelière, sur son site internet, comme "l’aventure d’une vie" au caractère "authentique", ce bidonville serait "le seul au monde équipé de chauffage au sol et d’un accès wifi". De quoi ravir les touristes, aventuriers mais pas trop, en "mal" de pauvreté… mais qui ne veulent surtout pas fréquenter de vrais pauvres.
Présentation postée par l’hôtel sur sa chaîne Youtube
Cibles de critiques virulentes, l’hôtel s’est défendu de toute "tonalité raciste" : "L’idée était au contraire de susciter l’empathie envers les millions de personnes qui vivent dans ces conditions", a réagi le propriétaire dans la presse locale.
Bien que douteuse, l’initiative a d’ores et déjà séduit des amateurs. Le site africasacountry.com évoque ainsi la romantique histoire d’Elizna & Johan, photographiés en tenue de mariage au beau milieu de "Shanty Town". Et l’auteur de souligner : "Ce n’est certes pas aussi malsain que le thème "colonial" de certaines cérémonies mais ça n’en est pas loin".
Photographie d’Elizna et Johan ©http://www.francoisvanzyl.co.za
En Afrique du Sud, selon les derniers rapports concernant les inégalités économiques, 85% des Sud-Africains noirs sont considérés comme pauvres, alors que 87% des Sud-Africains blancs disposent de revenus moyens ou élevés, relève France 24. Et on estime à 12 millions, le nombre de personnes habitant les bidonvilles, pour 51 millions de Sud-africains. Le sujet est donc sensible.
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Par Mathieu OLIVIER
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