Tunisie : prison avec sursis pour un rappeur et une journaliste

L’avocat de la journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb et du rappeur tunisien Aymen Fekhi, dit Men-Ay, a annoncé que ses deux clients ont été condamnés lundi à quatre mois de prison avec sursis notamment pour outrage à des fonctionnaires. Un second rappeur, Moustapha Fakhfakh, dit « Mr Moustapha », a lui été relaxé.

Hind Meddeb et les rappeurs Aymen Feki et Moustapha Fakhfakh avant leur procès le 25 novembre. © AFP

Hind Meddeb et les rappeurs Aymen Feki et Moustapha Fakhfakh avant leur procès le 25 novembre. © AFP

Publié le 26 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

La journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb, le rappeur tunisien Aymen Fekhi, qui étaient jugés pour "outrage à un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions" et "atteinte aux bonnes mœurs", ont été condamnés à quatre mois de prison avec sursis. Moustapha Fakhfakh, rappeur lui aussi, a quant à lui été relaxé par le parquet de Tunis.

"C’est une première victoire car ils risquaient tout de même un an et six mois de prison. Je vais discuter avec mes clients et leur conseiller de faire appel", a déclaré Me Ghazi Mrabet, l’avocat  de la journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb et du rappeur tunisien Aymen Fekhi. Mais "la décision de faire appel revient à mes clients", a-t-il ajouté.

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L’avocat a également exprimé sa satisfaction sur Facebook :

 

Les trois prévenus ont été poursuivis à la suite de heurts en juin dernier à la sortie d’un tribunal entre policiers et partisans du rappeur Weld El 15, condamné à l’époque pour une chanson insultant la police.

Présente dans la salle d’audience, la journaliste Hind Meddeb était accusée d’avoir insulté alors les fonctionnaires de police et Men-Ay d’avoir invectivé les policiers dans la rue lors des affrontements.

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"Mustapha, Aymen et moi sommes ici pour donner un signe de bonne foi, nous estimons que nous n’avons rien à nous reprocher", a déclaré Hind Meddeb, lundi matin avant le procès.

Devant le juge, les deux rappeurs ont pour leur part clamé leur innocence, tandis que la journaliste a reconnu avoir lancé des insultes le jour des heurts, mais a assuré que cela "n’était pas adressé" à la police ou à la justice.

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L’avocat de la défense avait demandé "un non-lieu pour tous les accusés", soulignant notamment que Hind Meddeb avait été interrogée par la police sans qu’un interprète ne soit présent alors qu’elle ne "parle pas l’arabe".

Les rappeurs dans le collimateur

Ce procès est un énième épisode des relations tumultueuses entre les rappeurs et la justice tunisienne depuis la diffusion au printemps de la chanson du chanteur Weld El 15 "Les policiers sont des chiens".

>> À lire aussi : Tunisie : la rappeur Klay BBJ a été acquitté en appel

À chaque fois, les accusés ont été condamnés en première instance à de lourdes peines, avant que celles-ci ne soient considérablement allégées, voire même annulées en appel.

Clip de Weld el 15.

Weld El 15, en cavale depuis sa condamnation dans le cadre d’une deuxième affaire à 21 mois de prison, doit être rejugé le 5 décembre. Son co-accusé, le rappeur Klay BBJ a lui été relaxé lors d’un autre procès.

Près de trois ans après la révolution, la police, la justice et le gouvernement dirigé par les islamistes du parti Ennahdha sont régulièrement accusés par les ONG et l’opposition de chercher à juguler la liberté d’expression acquise après le soulèvement.

Aucune réforme de fond du système judiciaire et des forces de l’ordre n’a été entreprise depuis la chute du régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

(Avec AFP)

 

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