Le Parlement des jeunes Tunisiens, creuset de la démocratie
Le Parlement des jeunes tunisiens a tenu, le 1er novembre, sa première séance plénière au palais du Bardo, à Tunis. Une initiative qui a pour but de familiariser la jeunesse tunisienne avec les règles d’une assemblée démocratique.
"Vous comptez préparer un putsch contre l’Assemblée nationale constituante [ANC] ?", demande, suspicieux, un membre du groupe parlementaire d’Ennahdha (islamiste, au pouvoir). Les fondateurs de l’association Tun’Act n’en reviennent pas. Zied Touzani, Yamina Mechri et Aymen Mougaida souhaitaient simplement tenir dans l’hémicycle du Bardo la première séance plénière du Parlement des jeunes Tunisiens (PJT), créé quatre jours plus tôt.
"Outre la dimension symbolique de l’événement, nous voulions être au plus près des conditions réelles pour simuler l’adoption des résolutions élaborées en commission. Mais nous comprenons que les tensions actuelles suscitent des réticences", dit Yamina Mechri, secrétaire générale de Tun’Act. Le trio, à peine trentenaire, n’en a pas pour autant baissé les bras – il en a vu d’autres.
Rêve de démocratie
Yamina, formée à la gestion culturelle et ancienne directrice de la programmation à Nessma TV, Zied, informaticien et Aymen, ingénieur, font partie d’une génération qui, sous Ben Ali, ne passait pas sous silence les atteintes aux libertés. La démocratie, Yamina et Zied en ont d’ailleurs eu un avant-goût assez prononcé. Participants, en juin 2007 à Berlin, au Parlement des Jeunes Euro-Méditerranéens, ils ont observé la différence de niveau en matière de culture politique de part et d’autre de la Méditerranée. À l’époque, les représentants des pays de la rive Sud avaient dû bénéficier d’une remise à niveau pour combler leurs lacunes en matière de structures et d’activités parlementaires.
L’initiative de Tun’Act est classique dans les démocraties mais inédite dans un pays en transition postrévolutionnaire comme la Tunisie.
Cette expérience leur sera d’un apport fondamental pour la création du PJT, projet de sensibilisation à la citoyenneté lancé avec 64 participants âgés de 18 à 27 ans et représentatifs du paysage socio politique de la Tunisie. L’initiative de Tun’Act, classique dans les démocraties mais inédite dans un pays en transition postrévolutionnaire comme la Tunisie, est née de plusieurs constats.
Cheval de bataille
Selon l’association, la chute de Ben Ali n’a pas permis aux Tunisiens de passer d’une mentalité de sujet à celle de citoyen. Par ailleurs, le fonctionnement démocratique ainsi que les droits et devoirs demeurent généralement des notions vagues en Tunisie. L’éducation à la citoyenneté est le cheval de bataille du PJT, afin que les jeunes puissent être partie prenante de la construction politique du pays.
Toutes tendances confondues, les jeunes parlementaires ont appris à débattre et à convaincre avec pour objectif de proposer des motions sur différentes thématiques telles que les minorités, l’environnement ou le rôle de la Banque Centrale. "Le terme de Parlement est déroutant ; il impressionne mais il s’agit de se familiariser avec les codes bien précis qui régissent les processus et les fonctionnements institutionnels, précise Yamina Mechri. Tun’Act, à sa manière, fait connaître les règles du jeu".
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