Mondial 2014 : comment l’Algérie s’est qualifiée avec fair play
Dans un match placé sous haute tension, l’équipe d’Algérie est parvenue à arracher son billet pour le Brésil grâce à une victoire contre le Burkina Faso (1-0 ; 3-2 à l’aller). Les supporteurs, qui ont fait la fête une bonne partie de la nuit, se sont montrés plus calmes que d’habitude. Et aucun dérapage raciste ou violent n’a été signalé.
Plus de 5 000 hommes mobilisés et armés jusqu’aux dents (gendarmes, policiers, CRS), 30 000 supporteurs surexcités par l’enjeu du match opposant l’Algérie au Burkina Faso – rencontre décisive pour la qualification à la Coupe du monde qui se déroulera l’an prochain au Brésil -, une grande partie des commerces fermés, et les expatriés travaillant à Alger avaient pour consigne de ne pas sortir après 21h, quelle que soit l’issue de la rencontre… Cette nuit de pleine lune du 19 novembre aurait pu déraper et se transformer en guerre de tranchées au stade Mustapha Tchaker de Blida et dans ses alentours (à 50 kilomètres au sud d’Alger), ainsi que dans les grandes villes du pays. Mais les différents appels au calme de ces derniers jours ont visiblement porté leurs fruits.
L’hymne national du Burkina Faso n’a pas été sifflé par le public, comme le craignait la fédération algérienne de football, les journalistes burkinabè étaient dans les mêmes tribunes que leurs confrères algériens et aucun acte ou propos xénophobe ou raciste n’a été signalé durant la rencontre. Des supporteurs algériens allant même se prendre en photo avec leur adversaire de la soirée.
Libération d’un pays
Après une première mi-temps d’un faible niveau, dans laquelle l’Algérie s’est montrée timide face à une coriace équipe du Burkina Faso, les 30 000 spectateurs algériens faisaient pâle figure et le scepticisme était de mise quant à la qualification de leur équipe nationale. Mais, dès le retour des vestiaires, la donne à changé. A la 49e minute, le capitaine des Fennecs, Madjid Bougherra, a inscrit le seul but du match qui libéra tout le stade et même le pays tout entier, suspendu depuis plusieurs jours à ce match crucial.
Le public scandait sans relâche le refrain bien connu "One, two, three, viva l’Algérie !" Au coup de sifflet final, l’explosion de joie et la libération de tout un peuple se sont immédiatement fait ressentir à travers le pays : concerts de klaxon, véhicules avec feux de détresse, routes occupées par des centaines de passants, feux d’artifice et explosions de pétards. La cohésion parmi la population était palpable : enfants, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes tous réunis dans les rues pour fêter la victoire de leur équipe nationale à coup de youyous et de chants en tout genre.
Une rencontre France – Algérie ?
En clair, c’était un peu comme si la Coupe du monde avait été remportée par les Verts qui ont joué en blanc ce mardi. Et tout s’est passé dans un calme relatif, alors que les Algériens sont connus pour leurs dérapages lors de manifestations du même genre. Certes, quelques irréductibles ont sans doute fait des écarts de conduite, mais aucun événement grave n’a été signalé par la sûreté nationale.
L’Algérie se qualifie ainsi pour la quatrième fois de son histoire en phase finale du Mondial, alors que le Burkina Faso devra encore patienter avant de disputer cette compétition pour la première fois. La population algérienne est aux anges et les festivités et autres défilés en voiture se sont poursuivi une bonne partie de la nuit. De quoi permettre un peu d’évasion à une population dont le quotidien est rythmé par les ennuis de la vie chère, les problèmes récurrents de transport et les aléas d’un service public défaillant. Pour l’instant, place à la fête… Les Algériens ont dansé une grande partie de la nuit. En rêvant secrètement de tomber contre la France lors de la prochaine Coupe du monde.
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Par Ryadh Benlahrech, envoyé spécial à Blida
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