Journée mondiale des toilettes : l’Afrique en état d’urgence

On la classe souvent parmi les journées mondiales insolites décidées par l’ONU. Mais, en ce 19 novembre, la « journée mondiale des toilettes » n’a pas de quoi donner le sourire. Chaque année, à travers le monde, ce sont 2 millions d’enfants de moins de 5 ans qui meurent de diarrhée. En cause : le manque d’hygiène et d’assainissement de base, auquel 2,5 milliards de personnes dans le monde sont confrontées. En particulier en Afrique subsaharienne.

Un point d’eau au Cameroun : l’assainissement reste un défi majeur en Afrique. © AFP

Un point d’eau au Cameroun : l’assainissement reste un défi majeur en Afrique. © AFP

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Publié le 19 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Le sujet est loin d’être contournable. Il est même, à de nombreux endroits du globe, alarmant. Plus d’un tiers de la population mondiale ne bénéficie en effet toujours pas de l’accès à des installations d’assainissement correctes. Et parmi ces 2,5 milliards d’êtres humains, les Africains sont surreprésentés. Car dans la quasi-totalité des pays subsahariens, moins de 50% de la population utilise des installations dites "améliorées".


(Données : Organisation mondiale de la santé et Unicef)

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"Un problème qui a des répercussions sanitaires alarmantes", explique le collectif d’ONG "Coalition Eau". "En l’absence de toilettes, la manière alternative de se soulager (en pleine nature, dans des sacs plastiques, à proximité d’habitations ou de points d’eau) engendre de graves risques sanitaires", explique l’organisation. Bilan : "chaque année dans le monde, 2 millions d’enfants de moins de cinq ans décèdent de la diarrhée, causée principalement par un manque d’assainissement et d’hygiène".

Des effets sur l’éducation, la sécurité, l’économie…

Et les effets sont plus nombreux qu’ils n’y paraissent. L’absence d’assainissement a en effet "des conséquences néfastes sur la scolarisation des filles qui, à l’âge de la puberté, quittent l’école, car leur dignité n’est plus assurée", explique Coalition Eau. Au Mozambique, Sandimhia Renato, 18 ans, racontait quant à elle à l’ONG WaterAid, devoir marcher 15 minutes pour aller aux  toilettes dans les bosquets. "Parfois, je sors pour chercher un endroit, mais j’ai tellement honte que je retourne chez moi sans être allée aux toilettes", confiait-elle, fin 2012. "Il m’arrive d’attendre la nuit pour que personne ne me voie. Mais si je dois aller loin, je suis très inquiète pour ma fille Diani. C’est très dangereux. Des gens ont été assassinés. On a tué une femme et un garçon à coups de couteau. Je connais une femme qui a été violée."

Chaque dollar investi dans l’amélioration de l’accès à l’assainissement rapporterait 5,5 dollars du fait des gains de productivité au travail et des économies de traitement médical.

Les conséquences économiques du manque de toilettes décentes à l’échelle d’un pays sont catastrophiques. Si on estime que les pertes dues aux dépenses de santé et aux pertes de productivité à 260 milliards de dollars par an dans le monde, l’Afrique subsaharienne semble, une nouvelle fois, la plus concernée. Les carences dans le domaine de l’assainissement lui coûteraient près de 5 % de son PIB annuel. Selon l’OMS, chaque dollar investi dans l’amélioration de l’accès à l’assainissement rapporterait 5,5 dollars du fait des gains de productivité au travail et des économies de traitement médical. Le calcul est simple.
 

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Par Mathieu OLIVIER

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