Mohammed Benhammou : « La Cen-Sad est le meilleur héritage de Kadhafi »

La conférence régionale de la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) s’est tenue jeudi à Rabat. Au menu des échanges : la sécurité dans la zone sahélo-saharienne, minée par la montée en puissance des groupes jihadistes. Entretien avec Mohammed Benhammou, président du Centre marocain des études stratégiques.

Des jihadistes du Mujao au Nord-Mali. © AFP

Des jihadistes du Mujao au Nord-Mali. © AFP

Publié le 15 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Comment appréhendez-vous cette conférence sur la sécurisation des frontières ?

La question de la sécurisation des frontières avait été abordée par le conseil de sécurité de l’ONU à Rabat il y a quelques mois. Il y a une prise de conscience collective parmi les États sahelo-sahariens et une volonté d’agir. Ils sont globalement d’accord sur le constat et les objectifs. Mais pas sur les moyens pour y parvenir. La plupart souhaite une action commune mais certains n’ont pas encore exprimé leur volonté absolue d’oeuvrer dans ce sens.

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À qui pensez-vous ?

L’Algérie adhère à ces objectifs mais a une approche qui lui est propre. Avec le Maroc, elle est le dernier pays stable et puissant dans la région. Mais aucun État ne peut résoudre seul le problème de la sécurité au Sahel. Plus qu’un ou plusieurs États-pivot, ce qu’est l’Algérie, nous avons besoin d’une région-pivot ces États stables du Maghreb ont un rôle de premier plan à jouer. Aujourd’hui, face à l’hydre du terrorisme dans les sables du désert, soit on gagne ensemble, soit on se fait descendre un par un. Sans une volonté forte d’Alger, on ne pourra pas atteindre les objectifs définis.

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Le Maroc entend-il se positionner comme un leader parmi les États sahélo-sahariens ?

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Dans ce Sahel à la dérive, le Maroc ne se considère pas comme un leader mais est conscient des enjeux immenses soulevés par un terrorisme endémique et des frontières extrêmement fragiles, parfois même inexistantes. Le Maroc a su tirer les leçons de ses tentatives de leadership et privilégie désormais l’action collective.

Quels sont les outils les plus appropriés, selon vous, pour mener à bien ces objectifs ?

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L’Union du Maghreb arabe est un outil totalement caduque sans l’Égypte. L’heure de la Ligue arabe est finie. Il faut imaginer un nouvel ordre régional mais aussi arabe et africain et donc de nouveaux outils. La Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) est, à mon sens, le dernier outil qui peut servir véritablement. S’il y a quelqu’un qui avait compris l’enjeu stratégique, les opportunités et les risques de la zone sahélo-saharienne, c’était bien Mouammar Kadhafi. Il a su manipuler et soutenir des groupes et se poser en pilier géopolitique incontournable dans la zone. La Cen-Sad est le meilleur héritage qu’il nous ait laissé, sans le vouloir. Cet outil a besoin, c’est indéniable, d’être modernisé, et c’est ce qui est en train d’être fait. Sous la présidence du Tchad, de nombreuses avancées positives ont été actées.

Comment voyez-vous l’évolution de la situation en Libye ?

La Libye est le meilleur exemple de la mauvaise gestion de la transition. Le pays est et restera longtemps un État à construire tant sur le plan des institutions que sur le plan de la politique. Pour moi, aujourd’hui, la seule certitude, c’est l’instabilité. 

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Propos recueillis par Joan Tilouine

 

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