ONU : les relations entre les Africains et la CPI se tendent

Au Conseil de sécurité, les pays africains s’apprêtent à soumettre au vote, vendredi, une résolution appelant à suspendre les procès devant la Cour pénale internationale (CPI) contre le président kényan, Uhuru Kenyatta, et son vice-président William Ruto. Preuve que les rapports demeurent tendus entre la CPI et le continent.

William Ruto, lors de son procès à la CPI, le 10 septembre 2013 à La Haye. © AFP

William Ruto, lors de son procès à la CPI, le 10 septembre 2013 à La Haye. © AFP

Publié le 15 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

C’est un nouvel épisode dans le feuilleton sur les relations tendues entre la Cour pénale internationale (CPI) et le continent. Les pays africains soumettent au vote du Conseil de sécurité, le 15 novembre, une résolution appelant à reporter d’un an les procès pour crimes contre l’humanité de dirigeants kényans, Uhuru Kenyatta et William Ruto. Un geste qui risque d’exacerber encore un peu plus les tensions entre l’Afrique et la CPI, selon des diplomates et juristes occidentaux.

Le projet de résolution qui sera mis au vote est notamment défendue par le Rwanda, actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité, qui n’est par ailleurs pas signataire de la CPI. L’Éthiopie, un autre opposant au tribunal de La Haye, soutient aussi le texte. Mais le vice-président de la Commission de l’Union africaine (UA), le Kényan Erastus Mwencha, a assuré depuis Addis Abeba que le projet de suspendre les procès procédait du "souhait de l’Afrique". Il a dit espérer ‘"en tant que priorité", que la demande africaine obtienne "une réponse".

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Réunie en sommet extraordinaire en octobre, l’UA avait demandé l’ajournement des procédures engagées contre les deux têtes de l’exécutif kényan, estimant que les dirigeants en exercice jouissaient d’une immunité.

>> Lire aussi : "Cour pénale internationale : le front du refus africain en sommet à Addis-Abeba"

Bataille perdue d’avance

Mais, le projet soumis ne convainc pas grand monde à New-York. Pour être adopté, le projet de résolution africain doit, comme les autres, obtenir le soutien de neuf États membres du Conseil de sécurité. Mais comme sept des 15 pays aujourd’hui membres sont également signataires de la CPI, et que les États-Unis sont opposés au texte, ce dernier n’a quasiment aucune chance de passer, notent des diplomates.

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Sachant que le Conseil a la capacité de demander à la CPI de reporter d’un an un de ses procès si celui-ci est considéré comme une menace pour la paix internationale, le projet de résolution avance ainsi que le procès des deux dirigeants kényans "empêche" Uhuru Kenyatta et William Ruto de faire leur devoir. Selon les pays africains, les deux hommes devraient rester aux manettes du Kenya pour pouvoir gérer la lutte contre les combattants islamistes en Somalie, ainsi que les suites de l’attentat dans un centre commercial de Nairobi.

>> Voir aussi : "Portfolio interactif : la CPI, 15 ans et 29 Africains en ligne de mire"

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Si les dirigeants africains se plaignent fréquemment de ce que la CPI s’en prenne en priorité à leur continent, les diplomates occidentaux, eux, y voient davantage une campagne politique pour mettre fin aux poursuites et une tentative par les pays opposés à la CPI de discréditer la Cour.

(Avec AFP)

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