Mali : le MNLA évacue le gouvernorat et la radio de Kidal, colère des partisans

Après plusieurs mois d’occupation,les rebelles du MNLA ont évacué jeudi deux bâtiments publics à Kidal (nord-est du Mali). La décision a sucsité la colère de partisans de la rébellion touarègue, qui ont saccagé des édifices dans la ville.

Des soldats du MNLA en juillet à Kidal. © AFP

Des soldats du MNLA en juillet à Kidal. © AFP

Publié le 15 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Dans une déclaration adressée à la presse, le numéro deux de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), Abdoulaye Bathily, arrivé à Kidal mercredi, a indiqué que "les rebelles (du Mouvement national de libération de l’Azawad, MNLA), conformément à leurs engagements, ont libéré ce jeudi le gouvernorat et la radio de Kidal".

Une source au gouvernorat de Kidal a indiqué, sous couvert d’anonymat, que les soldats maliens auraient aussitôt pris le contrôle du gouvernorat après le départ des rebelles, mais pas de la radio (ORTM), où étaient déployés jeudi soir les soldats de la Minusma.

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Ce départ du MNLA, après neuf mois d’occupation, annoncé le 9 novembre, a divisé les partisans de la rébellion. Des sit-in de protestation ont été organisés mercredi, puis jeudi, des manifestants ont saccagé une partie du gouvernorat ainsi que d’autres édifices publics proches, selon des habitants.

Depuis Ouagadougou, le vice-président du MNLA, Mahamadou Djéri Maïga, s’est défendu de toute instrumentalisation des partisans dans les "échauffourées", assurant que c’est "la population de la ville-même" qui a agi.

Après ces incidents, le calme est revenu et des discussions ont été tenues avec des hommes du MNLA, a expliqué M. Bathily de la Minusma. "La base n’était pas pour cette décision, mais j’ai rencontré tout le monde, et ça c’est bien passé finalement", a-t-il affirmé.

Bert Koenders, le chef de la Minusma, a quant à lui salué le respect par les rebelles touareg d’engagements pris dans le cadre d’un accord signé en juin à Ouagadougou avec le gouvernement malien. Cet accord prévoit des discussions de paix pour lesquelles aucune date n’a encore été fixée.

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"Dans l’intérêt des parties et de la population, il est nécessaire d’entamer rapidement des pourparlers inclusifs de paix", a dit M. Koenders, invitant à la retenue "durant cette période importante pour le dialogue, la réconciliation et la paix au Mali".

Calendrier des législatives maintenu

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Ces développements surviennent à dix jours d’élections législatives censées parachever la transition politique au Mali qui, entre 2012 et 2013, a connu 18 mois de crise politico-militaire marquée par un coup d’État et l’occupation du Nord par des groupes armés.

Le premier tour des législatives est prévu le 24 novembre, un éventuel second tour le 15 décembre. Mais le pays est en proie à une grave crise sécuritaire marquée par les attaques de jihadistes dans le Nord, dont celle du 2 novembre qui a coûté la vie à deux journalistes français à Kidal, fief des rebelles touareg et chef-lieu d’une région devenue une "zone de non-droit", selon plusieurs responsables maliens.

En marge d’une conférence internationale à Rabat, le chef de la diplomatie malienne, Zahabi Ould Sidi Mohamed, a déclaré à l’AFP que les législatives "auront lieu sur l’ensemble du territoire malien, y compris à Kidal (…) et personne ne peut les empêcher".

Le MNLA avait repris pied à Kidal après une intervention militaire franco-africaine déclenchée en janvier 2013 – et toujours en cours – qui a permis de chasser des grandes villes les groupes islamistes armés qui ont occupé le Nord malien près de dix mois.

Ces groupes liés à Al-Qaïda avaient profité d’une offensive contre l’armée malienne, déclenchée par le MNLA en janvier 2012, pour s’emparer avec lui du nord du pays avant de l’en évincer.

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L’armée française, fer de lance de l’offensive anti-islamistes armés, poursuit la traque des jihadistes et a annoncé avoir mené dans la nuit de mercredi à jeudi une "opération spéciale" dans une zone désertique, à environ "200-250 km à l’ouest de Tessalit", plus au nord de Kidal.

Plusieurs membres d’Al-Qaïda ont été neutralisés et du matériel a été saisi, a indiqué le chef d’état-major français, l’amiral Edouard Guillaud.
"Au moins trois jihadistes ont été tués", a indiqué une source militaire malienne jointe à Kidal, parlant de "frappes aériennes".

(Avec AFP)

 

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