RDC : Kinshasa et le M23 échouent à signer un accord de paix

Réunis lundi à Kampala, le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23, récemment défaits après 18 mois d’affrontements meurtriers, ne sont pas parvenus à signer un important accord de paix, a annoncé le gouvernement ougandais, médiateur dans les pourparlers.

Des rebelles du M23 qui se sont rendus à l’armée ougandaise, le 8 novembre. © AFP

Des rebelles du M23 qui se sont rendus à l’armée ougandaise, le 8 novembre. © AFP

Publié le 12 novembre 2013 Lecture : 4 minutes.

La signature de l’accord de paix entre le gouvernement de la RDC et les rebelles du M23 semblait imminente. Mais, lundi 11novembre, le porte-parole du gouvernement ougandais Ofwono Opondo a annoncé sur Twitter que la délégation de RDC avait "renoncé à signer un accord avec le M23" et que les pourparlers étaient reportés "sine die". 

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Cette même source a ensuite déclaré devant la presse que la délégation congolaise avait refusé au dernier moment d’entrer dans la salle où devait se tenir la cérémonie de signature. "Ils ont tardivement demandé un changement des termes de l’accord, nous avons ajourné en conséquence", a-t-il poursuivi alors que des délégations et des observateurs américains, européens ou encore onusiens à Entebbe, localité proche de la capitale ougandaise sur le Lac Victoria, étaient déjà arrivés.

"Problèmes de langage"

Kinshasa a refusé la mention spécifique du mot "accord" entre la RDC et la rébellion dans le texte. Selon le ministre ougandais de la Défense Crispus Kiyonga, la situation a changé sur le terrain" et un "problème de langage" s’est en effet posé. L’accord soumis aux deux parties avait été scellé début octobre, avant la récente débâcle du M23.

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Il s’est néanmoins montré confiant dans la possibilité de faire signer les parties, une fois "harmonisé" le document.

"Il est important que (…) le texte qui sortira puisse refléter que nous avons affaire à un gouvernement légitime d’un côté et à une force négative, une rébellion qui a cessé d’exister de l’autre", a déclaré le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, après l’échec de la réunion.

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Le chef de la diplomatie congolaise a ajouté rechercher un accord qui "puisse aider à consolider la paix". "Donc nous prendrons le temps qu’il faut pour se mettre d’accord, s’il y a lieu de se mettre d’accord", a-t-il martelé à Entebbe.

En dépit d’un changement de situation militaire, il est important qu’il y ait une conclusion politique.

Dans un communiqué commun diffusé dans la soirée, les envoyés spéciaux pour les Grands Lacs – Mary Robinson (ONU), Russ Feingold (Etats-Unis), Koen Vervaeke (Union européenne), Boubacar Diarra (Union africaine) – et le représentant en RDC du secrétaire général des Nations unies, Martin Kobler, ont regretté ce contretemps. "En dépit d’un changement de situation militaire, il est important qu’il y ait une conclusion politique", affirment-ils en encourageant les deux parties à résoudre leurs différends sur le format du document et à respecter leurs engagements en faveur d’une solution pacifique du conflit.

La semaine dernière, l’armée congolaise, appuyée par une brigade d’intervention de l’ONU, a vaincu le Mouvement du 23 mars (M23) qui a sévi pendant 18 mois dans la riche province minière du Nord-Kivu.

L’accord de paix qui devait être signé lundi devait notamment  fixer le sort de 1 700 combattants réfugiés, selon Kampala, dans des camps en Ouganda. Une centaine de rebelles blessés ont également fui au Rwanda, accusé, comme l’Ouganda, de soutenir la rébellion.

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Le cas de certains commandants est cependant compliqué, notamment celui du chef militaire Sultani Makenga, accusé de massacres, viols, enrôlements d’enfants et qui figure sur des listes de sanctions onusienne et américaine.

Questions de fonds

Si l’accord attendu lundi soir était jugé clé pour tenter de pacifier une région troublée depuis deux décennies, il n’était cependant pas suffisant pour régler le problème : des dizaines d’autres groupes armés continuent de terroriser les populations locales dans l’est de la RDC et d’autres opérations seront nécessaires pour venir à bout de ces rebelles.

À la veille de la signature annoncée de l’accord, les observateurs avaient d’ailleurs appelé à la prudence car de précédents accords de paix signé dans la région n’ont jamais empêché une reprise des hostilités, soit parce qu’ils n’ont pas été appliqués, soit parce qu’ils ne s’attaquaient pas aux questions de fond que sont le retour des réfugiés et le partage des terres.

L’organisation humanitaire britannique Oxfam a d’ailleurs insisté sur le fait qu’une réponse militaire aux groupes armés ne suffirait pas. D’autres observateurs ont aussi souligné que tant que les pays de la région, Rwanda en tête, ne retireront pas leurs pions de l’est de la RDC, rien ne changera vraiment non plus.

L’envoyée spéciale de l’ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson veut cependant croire que le président rwandais Paul Kagame et son homologue ougandais Yoweri Museveni, qui ont toujours nié soutenir le M23, respecteront un précédent accord de paix signé en février par 11 pays de la région.

Désormais, a-t-elle ajouté, la priorité va être de vaincre les rebelles hutu rwandais des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994.

Le gouvernement de Kigali, issu d’une rébellion tutsi, les considère comme une menace majeure pour la sécurité du Rwanda et des populations tutsi du Congo.

(Avec AFP)

 

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