Palestine : la veuve de Yasser Arafat dénonce « un assassinat politique »
Les analyses médico-légales conduites par une équipe d’experts suisses sur des restes prélevés sur la dépouille du défunt, et rendues publiques mercredi par la chaîne arabe Al-Jazira, relance la théorie d’un empoisonnement de Yasser Arafat au polonium 210, une substance radioactive hautement létale.
Le rapport des dix experts suisses chargés d’analyser les effets personnels de Yasser Arafat, dont une partie avait été publié mi-octobre par la revue médicale britannique The Lancet, a été remis aux dirigeants de l’Autorité palestinienne, a-t-on appris jeudi.
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Ces experts de l’Institut de radiophysique (IRA) de Lausanne ont découvert des niveaux de polonium dix-huit fois plus élevés que la moyenne dans les côtes, le bassin, et dans le sol ayant absorbé les fluides corporels de l’ancien leader palestinien.
Mais prenant en considération les huit années écoulées entre la mort d’Arafat et son exhumation, ainsi que la qualité des échantillons prélevés sur des fragments et des tissus osseux de son corps en décomposition, les résultats "soutiennent modérément l’hypothèse que la mort était la conséquence d’un empoisonnement au polonium 210", précise le rapport rendu public, mercredi 6 novembre, par la chaîne arabe Al-Jazira .
"On ne peut pas dire que le polonium a été la source de la mort. Mais on ne peut pas l’exclure", a souligné le directeur de l’IRA, François Bochud, tout en précisant que les doses de polonium retrouvées supposent forcément l’intervention d’un tiers.
Les experts suisses ne sont pas les seuls à avoir analysé les effets personnels d’Arafat. Les rapports des équipes française et russe qui ont également recueilli des restes prélevés lors de l’exhumation de Yasser Arafat, le 27 novembre 2012, sont toujours attendus. Le 15 octobre, Vladimir Ouïba, le directeur de l’agence officielle russe chargée des analyser, a semé le doute en déclarant que les experts russes n’avaient pas trouvé de traces de polonium.
>> Voir notre diaporama : Yasser Arafat, la mort mystérieuse d’un héros de la lutte palestinienne
La publication des résultats de l’équipe suisse a provoqué de nombreuses réactions. "Il s’agit d’un vrai crime, d’un assassinat politique", a commenté Souha Arafat, la veuve du dirigeant historique palestinien, instigatrice de l’enquête ouverte au parquet de Nanterre le 31 juillet 2012 pour déterminer si l’ancien leader de l’OLP avait été assassiné.
Israël nie toute implication
Les autorités palestiniennes ont demandé qu’une "commission internationale" soit constituée pour enquêter sur la mort du président Arafat. "Les résultats ont montré qu’Arafat avait été empoisonné au polonium, une substance qui est détenue uniquement par des États et non des individus, ce qui signifie que le crime a été commis par un État", a déclaré Wassel Abou Youssef, membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Jeudi, Israël a une nouvelle fois rejeté catégoriquement jeudi toute implication. Raanan Gissin, porte-parole et proche collaborateur d’Ariel Sharon, Premier ministre israélien au moment de la mort d’Arafat, a assuré que les instructions de Sharon étaient de prendre toutes les précautions pour qu’Israël ne soit pas accusé de la mort d’Arafat.
"Ariel Sharon avait ordonné de tout faire pour éviter qu’Arafat – alors encerclé par l’armée israélienne dans la Mouqataa, siège de la présidence palestinienne à Ramallah (Cisjordanie) – ne soit pas tué par nos soldats", a expliqué Raanan Gissin.
"C’est aussi pour cette raison que Sharon a permis l’évacuation vers un hôpital en France d’Arafat lorsqu’il s’est avéré qu’il était mourant", a-t-il insisté.
Les experts suisses avaient déjà fait part, en juillet 2012, de cette découverte d’un niveau significatif de radioactivité au polonium sur ces mêmes effets personnels, dans un document diffusé par la chaîne Al-Jazira.
La dépouille du dirigeant historique palestinien avait été exhumée à Ramallah en novembre 2012 pour y effectuer des prélèvements. Une soixantaine d’échantillons ont été répartis pour analyse entre les trois équipes d’enquêteurs, suisses, français et russes, chaque équipe effectuant son travail individuellement, sans contact avec les autres.
(Avec agences)
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