« Vous êtes bons pour le four »… Une candidate FN d’origine algérienne rend sa carte du parti
En France, le Front national, parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, fait une nouvelle fois parler de lui avec la démission de Nadia Portheault, candidate FN d’origine algérienne pour les municipales de mars 2014 à Saint-Alban, dans l’agglomération toulousaine. Elle justifie sa décision par les propos racistes dont elle se dit victime. Contestant les déclarations de la candidate, le FN a quant à lui annoncé qu’il allait porter l’affaire devant les tribunaux.
Mis à jour le 5/11/2013 à 16h02
Les semaines passent et se ressemblent au Front national (FN). Après l’épisode de la caricature raciste de la ministre de la Justice Christiane Taubira publiée sur la page Facebook d’Anne-Sophie Leclere, candidate FN aux municipales dans les Ardennes, les déclarations douteuses de Marine Le Pen sur la barbe des otages français d’Arlit, cette fois-ci c’est une tête de liste FN d’origine algérienne, Nadia Portheault, qui fait vaciller la stratégie de dédiabolisation du parti français d’extrême-droite.
>> À lire aussi "Racisme : les insultes envers Christiane Taubira, grave dérive de la société française"
Selon l’hebdomadaire La voix du midi, la candidate frontiste de Saint-Alban, 5e circonscription de la Haute-Garonne, renonce à briguer la mairie de sa bourgade de 6 000 habitants et, avec son mari, a décidé de rendre sa carte du FN. Dans un courrier adressé à la direction du parti, la jeune mère de famille justifie son geste :
"Je suis d’origine algérienne et je ne suis pas d’accord avec certains discours des certains responsables du FN dans mon département."
"Il faut tuer tous les arabes"
Interrogés par le journal, Nadia et son mari Thierry Portheault expliquent avoir subi à plusieurs reprises les propos racistes de la part de certains militants lors de forums auxquels ils ont pu participer. La jeune femme relate ainsi comment un cadre du FN31 lui aurait asséné : "Toi et tes enfants, vous êtes bons pour le four…", tandis que son mari évoque un autre cadre du parti, ouvertement homophobe et sympathisant de la cause nazie, appelant à "tuer tous les arabes".
La militante raconte également comment son engagement au sein du FN a plutôt mal débuté, lorsque qu’elle a exprimé le souhait d’utiliser son nom de jeune fille, Djelida, pour faire campagne. On lui a vivement conseillé de préférer son nom d’épouse, Portheault, "allant même jusqu’à me dire que mon prénom était déjà presque un handicap".
Marine et la base
Si le couple déclare qu’au FN "tout le monde n’est pas à mettre dans le même panier", il constate "un décalage entre le discours de Marine et celui de la base militante." Ajoutant : "Cette ambiguïté permanente, entre la vitrine et une arrière-boutique spécialisée dans les blagues vaseuses sur les arabes et les homos, n’était plus supportable." D’autant que les époux Portheault affirment avoir tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises sans qu’aucune suite n’ait jamais été donnée par la direction du parti.
"On ne peut pas contrôler tout le monde", commente de son côté, Serge Laroze, responsable de cette section, lui-même candidat à la mairie de Toulouse, interrogé par le La voix du midi. "C’est dommage et la gauche ne manquera pas d’exploiter largement ces témoignages !", conclut-il.
Contacté par Europe1.fr, Steeve Briois, secrétaire général du Front national s’est exprimé sur la démission du FN des époux Portheault. Évoquant une "une candidate en voie de désinvestiture" et un mari "qui défendait encore l’UMP", il a annoncé que le FN allait porter plainte pour diffamation.
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Jean-Sébastien Josset
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