Sahara occidental : le Maroc rappelle son ambassadeur à Alger
La température monte à nouveau entre le Maroc et l’Algérie au sujet du Sahara occidental. Mercredi 30 octobre, le royaume chérifien a annoncé qu’il avait rappelé son ambassadeur à Alger, à la suite des « actes de provocations et d’hostilité de l’Algérie », faisant référence au discours du président Abdelaziz Bouteflika.
Mis à jour à 16h47.
"Le Royaume du Maroc a décidé de rappeler, ce jour, en consultation l’ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Alger", a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, diffusé mercredi 30 octobre via l’agence officielle MAP. "Durant la période de rappel en consultation de l’ambassadeur de Sa Majesté le Roi, les représentations diplomatiques et consulaires du Royaume en Algérie continueront à fonctionner sous l’autorité d’un chargé d’affaires", précise la chancellerie.
Le Royaume chérifien dénonce ainsi "la multiplication des actes de provocations et d’hostilités de l’Algérie" dans le dossier du Sahara occidental. Il vise en particulier un discours lu au nom d’Abdelaziz Bouteflika, lundi 28 octobre, par le ministre algérien des Affaires étrangères à Abuja. Celui-ci appelait notamment au respect des droits de l’homme au Sahara occidental, mais pour Rabat, son "contenu volontairement provocateur et [ses] termes foncièrement agressifs (…) reflètent clairement la posture de l’Algérie en tant que partie prenante à ce différend et dévoile sans équivoque sa véritable stratégie fondée sur l’instrumentalisation politique de la noble cause des droits de l’homme". En revanche, l’ambassadeur algérien à Rabat n’a de son côté pas été rappelé par Alger.
"L’Algérie prend note avec regret de la décision injustifiée de Rabat de rappeler son ambassadeur à Alger, pour protester contre des propos du président Abdelaziz Bouteflika sur le Sahara occidental", a cependant indiqué jeudi le ministère des Affaires étrangères. "Cette décision injustifiée constitue une escalade malencontreuse qui s’appuie sur des motifs fallacieux et attentatoires à la souveraineté de l’Algérie", a précisé le ministère dans un communiqué transmis à l’AFP.
Guerre des mots…
Cette décision marocaine intervient alors que les tensions se sont multipliées ces derniers jours autour du Sahara occidental. Mardi, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait en effet dénoncé les propos "absolument inadmissibles et irresponsables" émanant du Maroc à l’encontre de l’Algérie.
À la suite de l’appel d’Abdelaziz Bouteflika au respect des droits de l’homme au Sahara occidental, l’agence officielle marocaine MAP et le parti de l’Istiqlal, ex-membre du gouvernement marocain, avaient en effet frontalement critiqué Alger, l’accusant de chercher à "servir ses desseins hégémoniques dans la région" et de "brouiller les cartes" pour "détourner l’attention des graves violations de ces droits qui se produisent quotidiennement sur (son) territoire".
… sur fond de négociations à l’ONU
Ce regain de tensions entre les deux voisins maghrébins intervient alors que l’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental vient d’achever une mission dans la région. Christopher Ross a d’ailleurs présenté, mercredi 30 octobre, le jour même de la décision diplomatique marocaine, son compte-rendu au Conseil de sécurité.
Selon le communiqué publié par l’ONU, il a informé le Conseil de sécurité qu’il avait l’intention de retourner dans la région dans les prochaines semaines afin de poursuivre "une nouvelle approche qui permette de mettre fin à ce conflit". Christopher Ross formule également le souhait de lancer »une nouvelle phase de négociations fondées sur des échanges bilatéraux discrets et séparés avec chacune des deux parties que sont le Maroc et le Front Polisario ».
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Par Mathieu OLIVIER
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