Afrique du Sud : 35 ans de prison pour avoir projeté d’assassiner Mandela

Pour avoir tenté d’assassiner Nelson Mandela en 2002, vingt membres d’une organisation terroriste et raciste ont été condamnés, mardi, à des peines allant de 10 à 35 ans de prison. Dont l’ex-leader du groupe, Mike du Toit.

Le cerveau du groupe « Boeremag » Mike du Toit, le 25 juillet 2012 au tribunal de Pretoria. © AFP

Le cerveau du groupe « Boeremag » Mike du Toit, le 25 juillet 2012 au tribunal de Pretoria. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 29 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Les cinq leaders d’un groupe d’extrême-droite blanc baptisé "Force paysanne" ou "Boeremag" étaient à deux doigts d’assassiner Nelson Mandela en 2002, lors de l’inauguration d’une école du Limpopo. Ils ont été condamnés, mardi, à 35 ans de prison par la Haute Cour de Pretoria Nord – celui-là même où Mandela fut condamné à perpétuité en 1964 sous le régime raciste de l’apartheid.

En tout 20 personnes étaient jugées dans le cadre de ce procès, le premier pour des faits de "haute trahison" depuis l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud en 1994. Parmi eux d’anciens universitaires, médecin ou officiers âgés aujourd’hui de 32 à 74 ans. Tous ces militants de la suprématie de la "race blanche", nostalgiques de l’apartheid, prévoyaient de déclencher un climat de violences interraciales par l’assassinat de Mandela afin de de créer les conditions d’un coup d’État.

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"Ils avaient comme objectif de renverser le gouvernement par des moyens non constitutionnels dont la violence", a souligné le juge Eben Jordaan durant les deux derniers jours du procès, avant de prononcer des peines allant de 10 à 35 ans de réclusion. Il leur reste quinze ans de prison à purger, toutes les peines prononcées ayant été assorties de dix ans de sursis.

Nelson Mandela ayant finalement utilisé un hélicoptère, le plan avait échoué.

Bombe artisanale

Selon le parquet, les conjurés du Boeremag avaient, sous la férule de leur leader, Mike du Toit, 52 ans, construit et placé une bombe artisanale au bord de la route que devait emprunter la voiture de Mandela. "Ils ont failli réussir [à tuer Madiba, NDLR]. C’était à deux doigts", a précisé à l’AFP un enquêteur, Tollie Vreugdenburg, durant l’audience. Nelson Mandela ayant finalement utilisé un hélicoptère, comme il le faisait fréquemment pour ses longs déplacements, le plan avait échoué et la bombe ne fut jamais activée…

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Les Pretorius (2e en partant de gauche) avec ses fils Johan (c) et Wilhelm (d), deux des 20 membres d’un groupe d’extrême-droite, condamné pour avoir tenté d’assassiner Nelson Mandela, le 29 octobre 2013, à Pretoria. © Alexander Joe

Boeremag avait en revanche revendiqué neuf explosions à la bombe qui s’étaient produites dans la nuit du 29 au 30 octobre dans le quartier populaire à majorité noire de Soweto, au sud-ouest de Johannesburg, visant une mosquée et des gares, arrêts de bus et voies de chemin de fer. Une femme avait été tuée dans son sommeil par un tronçon de rail projeté par une explosion et son compagnon avait été blessé.

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L’existence d’un courant extrémiste ou séparatiste, est une réalité en Afrique du Sud mais il s’agit d’une minorité au sein de la communauté afrikaner, laquelle représente environ la moitié des 9% de Sud-Africains blancs.

"Leur plan était juste"

Les Afrikaners sont les descendants des colons hollandais et français huguenots du 17e siècle. L’autre partie de la communauté blanche descend des colons britanniques. Boeremag aurait compté de 30 à 3 000 membres selon les sources, mais "il n’existe plus rien de tel", selon Johan Potgieter de l’Institut des études de sécurité (ISS, Pretoria).

"Il reste des poches d’extrémistes de droite, des ultra racistes mais je crois que l’Afrique du Sud est sur le bon chemin", a-t-il dit à l’AFP. Pour assister aux derniers jours du procès, une organisation d’extrême droite, les Républicains Boers avait affrété des autocars pour ses supporteurs dont certains ne se gênaient pas pour exprimer ouvertement leur sympathie envers les accusés et leur projet. "Je les soutiens à 100% car leur plan était juste. Notre communauté est opprimée, nous sommes des esclaves et les gens devraient se révolter", expliquait l’un d’eux.

(Avec AFP)

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André du Toit (g) et Mike du Toit (d), le 25 juillet 2012 devant la Haute Cour de Pretoria. © AFP

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