Afrique, développement… et confiance

Guy Somekh est le président de l’association ENSTA-ParisTech Alumni.

Guy Somekh, président de l’association ENSTA-ParisTech Alumni

Guy Somekh, président de l’association ENSTA-ParisTech Alumni

Publié le 9 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Ces dernières années, l’Afrique a démontré des progrès notoires en matière économique et entrepreneuriale. Toutefois, la clé du succès inclut la confiance.

Certes, il faut donner confiance aux entrepreneurs locaux. Eux, seuls, sont capables de remplacer ces entreprises étrangères qui ne débarquent dans leur pays qu’à l’occasion d’un projet : pour un pont, un port, des logements ou toute autre infrastructure, elles apportent trop souvent tout le matériel et les consommables ; elles fournissent l’intégralité du personnel et de la logistique. Ces entreprises, qui repartent sitôt le projet achevé, n’auront laissé dans le pays aucun travail ni transféré de savoir-faire ! C’est d’autant plus troublant qu’elles viennent souvent de pays n’acceptant d’importer des produits élaborés que contre implantations d’usines et solides transferts de technologies. La valeur ajoutée ainsi apportée aux pays d’Afrique s’avère dérisoire face aux marchés offerts. Or, l’expérience montre qu’en Afrique, les entrepreneurs nationaux sont nombreux, dynamiques et compétents. Ils ne manquent pas d’idées ni de motivation, de formation ni de capacités. Eux, apportent de la véritable valeur ajoutée à leur pays. Eux y créent une richesse réelle et pérenne. Il importe donc à l’Europe de les conforter dans leur espoir de succès, de les accompagner et de les soutenir…

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Il y a urgence pour créer du travail durable en Afrique.

En complément direct, il s’avère aussi fondamental de donner confiance aux vrais investisseurs qui s’intéressent aux projets concrets à développer en Afrique. Or ces investisseurs, comme tout investisseur dans l’âme (et au contraire des entreprises de passage), demandent aux États de la confiance et de la sécurité. Ces États seraient bien avisés de respecter scrupuleusement leurs propres règles et lois, puis de le démontrer. Plus d’incarcération provisoire qui peuvent durer des mois sinon des années, plus de procédures qui s’enrayent dans des résidus (bien cachés) de corruption, plus de procès que l’on fait durer avec quelques complicités … et qui nuisent aux intérêts fondamentaux du pays. Car, ce que ces manipulateurs cachés gagnent à titre personnel, ils le font perdre mille voire un million de fois à leur pays.

« La clé est dans les mains des dirigeants des pays d’Afrique »

Moraliser n’est pas qu’apparence. Moraliser résulte d’une volonté profonde affichée et implacablement défendue au plus haut niveau des États. Certains pays, comme le Cameroun ou le Sénégal l’ont bien compris. Mais, même là, il existe encore des relents, évidemment connus de tous, en ce XXIe siècle de la communication et de l’innovation. Or, ces relents nuisent notoirement à la confiance des investisseurs étrangers qui ne savent ni quand ni comment ils pourront être bafoués. Alors, les entrepreneurs, démunis d’investisseurs, émigrent vers des cieux plus accueillants…

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Stoppons cette hémorragie préjudiciable et coupable. Sédentarisons les entrepreneurs hardis et motivés. Attirons les investisseurs loyaux et pérennes. À n’en pas douter, la clé est dans les mains des dirigeants des pays d’Afrique. Qu’ils accompagnent les efforts louables qu’ils déploient pour développer l’économie par cette confiance inébranlable offerte aux entrepreneurs comme aux investisseurs. Si la confiance est aisée à détruire par un acte insensé, elle est nettement plus longue à restaurer. Déjà, les premiers signaux forts seront appréciés et repérés. Qu’ils ne tardent pas. Il y a urgence pour créer du travail durable en Afrique.

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