Tunisie : les chefs de partis évoquent l’identité du futur Premier ministre

Les chefs de 21 partis devaient discuter lundi après-midi de l’identité du futur Premier ministre indépendant. Le nouveau chef du gouvernement doit théoriquement être choisi d’ici à la fin de la semaine.

Le leader du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi (c), le 25 octobre 2013 à Tunis. © AFP

Le leader du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi (c), le 25 octobre 2013 à Tunis. © AFP

Publié le 28 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Cette fois, le dialogue national semble vraiment lancé en Tunisie. Les responsables de 21 partis politiques avaient rendez-vous, lundi 28 octobre, à 16h00 (15h00 GMT), pour passer en revue les différentes personnalités susceptibles de former le gouvernement apolitique censé succéder d’ici trois semaines à celui dirigé par les islamistes d’Ennahdha.

Les médias tunisiens ont avancé une multitude de noms pour succéder à l’islamiste Ali Larayedh. Il n’existe toutefois aucun candidat déclaré. Durant tout le week-end, des pourparlers ont eu lieu pour mettre en œuvre la "feuille de route" du dialogue national qui, outre la formation d’un nouveau cabinet, doit aboutir à l’adoption avant fin novembre de la Constitution, en cours de rédaction depuis deux ans, ainsi que d’un calendrier et d’une législation électorale.

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La commission de l’Assemblée nationale constituante (ANC), en charge de la réforme de son règlement intérieur, s’est d’ailleurs réunie lundi matin pour déterminer les réformes à adopter pour accélérer l’adoption de la future loi fondamentale. Les chefs du quartette de médiateurs – le syndicat UGTT, le patronat Utica, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme et l’Ordre national des avocats – ont aussi été reçus lundi matin par le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar.

La classe politique tunisienne a lancé ces négociations très ambitieuses après trois mois de crise politique et institutionnelle déclenchée par l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier. Les pourparlers ont pu débuter vendredi grâce à la promesse écrite d’Ali Larayedh de démissionner. Le Premier ministre a cependant souligné que son départ était tributaire de l’avancée des négociations sur la Constitution et sur l’organisation des futures élections.

Le journal La Presse s’est dans ce contexte réjoui du "bon climat qui prévaut entre les protagonistes du dialogue national" tout en notant que la personnalité recherchée pour devenir Premier ministre est "un oiseau rare, démocrate, républicain, parfaitement indépendant et neutre".

Menace jihadiste, colère des policiers

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Ce "dialogue national" intervient aussi dans un climat sécuritaire très tendu, en raison de la recrudescence de violences attribuées à la mouvance jihadiste armée. Celles-ci ont fait neuf morts au sein des forces de l’ordre durant le seul mois d’octobre, portant à près d’une trentaine le nombre de policiers, gendarmes et militaires tués depuis le début de l’année par des groupes qualifiées de "terroristes" et accusés d’avoir des liens avec Al-Qaïda. La dernière en date, le 23 octobre, dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest), a fait six morts dans les rangs de la gendarmerie. Huit suspects ont par ailleurs été arrêtés, a indiqué lundi le ministère de l’Intérieur.

Ces violences ont initié la fronde d’un important syndicat policier, le Syndicat national des forces de sécurité intérieures (SNFSI), contre le gouvernement. Des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi devant le ministère de l’Intérieur, en plein centre de Tunis. "Nous constatons un manque de sérieux du gouvernement pour lutter contre ce fléau", a dit Riadh Rezgui, un porte-parole du syndicat, avant d’accuser les autorités "d’affaiblir délibérément les organes sécuritaires, étant donné qu’on n’a pas les équipements nécessaires, même pas de gilets pare-balles".

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Samedi, le SNFSI avait publié un communiqué cinglant pour réclamer plus de moyens mais aussi la réintégration de cadres sécuritaires limogés après la révolution de janvier 2011, pour remplacer ceux jugés incompétents et soumis à Ennahdha. Le ministère de l’Intérieur a jugé ces propos "inacceptables" et comme étant une "menace de rébellion". Il a appelé les agents "à ne pas donner suite aux appels (du SNFSI) visant à semer la zizanie".

(Avec AFP)

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